Bibliographie :
-Pierre Emmanuel Martin Vivier, Max Ingrand, du verre à la lumière, Éditions Norma, Paris, 2009, modèle reproduit p. 192
-Quaderni Fontana Arte n. 7, Illuminazione, arredamento, cristalli d'arte, p.36
Max Ingrand (1908-1968), designer français et maître verrier, se forme à l'École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs avant de rejoindre en 1927 l'atelier de Jacques Gruber, renommé pour ses vitraux polychromes de l'époque Art Nouveau. Cette expérience fondatrice oriente Ingrand vers la création de vitraux, une discipline dans laquelle il obtient rapidement une renommée internationale. Il ouvre son propre atelier à Paris avec sa première épouse, Paule Rouquie, et se spécialise dans des œuvres à caractère religieux, mythologique et de décoration d'intérieur, utilisant des techniques sophistiquées de sablage et de gravure sur cristal, enrichies de placages d'argent et d'or. Le travail de Max et Paule Ingrand attire l'attention de Gio Ponti, qui leur consacre un article dans "Domus" en 1936, année où certaines de leurs créations sont présentées à la Triennale de Milan. Parmi leurs œuvres notables figurent les aménagements des grands salons du paquebot Normandie, détruit en 1942 à New York, des interventions au Palais Royal de Bucarest, et les plafonds en miroirs décorés de la villa du Baron Empain à Bruxelles. Après la Seconde Guerre mondiale, Ingrand s'installe à Neuilly-sur-Seine avec sa seconde épouse et continue à développer son atelier parisien, qui s'agrandit pour accueillir jusqu'à cinquante ouvriers sous la direction de l'architecte Pierre Vago. Max Ingrand est devenu l'un des maîtres verriers français les plus célèbres du XXe siècle. En 1931, il poursuit a carrière seul en tant que maître verrier décorateur et réalise de nombreux décors en glaces gravées. Il réalise les vitraux de l'église Sainte-Agnès de Maisons-Alfort. Progressivement, Ingrand élargit ses intérêts vers l'éclairage et le mobilier, créant des lampes en petites séries, des miroirs en cristal épais, des paravents, et des tables lumineuses. En 1937, il participe au projet des verrières de la nef de Notre-Dame de Paris, présentées au pavillon pontifical de l'Exposition. Après la Seonde Guerre Mondiale, il devient l'un des verriers les plus actifs des chantiers de la reconstruction où il réalise notamment l'ensemble monumental de l'église d'Yvetot. Le service des Monuments historiques lui confie des chantiers prestigieux telles que les cathédrales de Rouen, de Beauvais, de Saint-Malo, de Strasbourg, les chapelles des châteaux de Blois, d'Amboise, de Chenonceau, églises de La-Charité-sur-Loire et des Jacobins de Toulouse. En 1954, il est nommé directeur artistique de Fontana Arte, un poste qu'il occupe jusqu'en 1967, sous l'impulsion de Gio Ponti et Pierre Vago, qui voient en lui l'héritier idéal de Pietro Chiesa. À Milan, Ingrand adapte les choix de production de Fontana Arte aux nouvelles exigences du marché tout en préservant les standards de qualité et de typologie qui ont fait la réputation de la maison. Par la suite, sa notoriété lui vaut des commandes importantes à l'étranger. Il met particulièrement l'accent sur le développement de l'éclairage, en introduisant des modèles novateurs qui marient judicieusement le cristal avec le laiton et l'aluminium, abandonnant progressivement le bois. Certains de ses modèles, comme la lampe-sculpture n° 2533 et la lampe à pied diffuseur opale n° 1853, restent emblématiques. Ses miroirs, souvent ornés de cristaux taillés tels des pierres précieuses ou dotés de bords « déchirés », connaissent également un grand succès, tout comme les grands lustres "Dahlia", symboles du luxe des années 1950 et 1960. Il a participé au décor de paquebots parmi lesquels le Normandie et le France et réalise des fontaines lumineuses, notamment pour les Champs-Élysées.