1645-1708
Vénus et Adonis
Huile sur toile
46,5 cm x 56 cm (dimensions de l'image)
Expertise François Marandet, Londres
Le peintre Jean Cotelle, dit le Jeune, fils du peintre et décorateur Jean Cotelle (1607-1676), est connu pour
avoir voyagé en Italie dans ses jeunes années, entre 1662 et 1670. À son retour à Paris, il fut
admis à l'Académie royale de peinture et de sculpture en 1672 après avoir présenté une miniature intitulée « L'entrée triomphale du roi et de la reine à Paris » (aujourd'hui disparue). Malgré sa spécialisation en tant que miniaturiste, Cotelle a reçu des commandes publiques, ce qui nous a permis de découvrir des peintures dans lesquelles les personnages apparaissent monumentaux. Cotelle a en effet été choisi pour réaliser en 1682 le tableau annuel du « mois de mai » pour la cathédrale Notre-Dame (aujourd'hui conservé dans l'église d'Yssingeaux). Cotelle est surtout l'auteur d'une importante série de tableaux mythologiques réalisés entre 1688 et 1693 pour le Trianon, la résidence de loisirs du roi Louis XIV à Versailles. De plus, les brochures des expositions des membres de l'Académie royale (1673 et 1704) attestent de la participation de Cotelle avec une série de tableaux (dont la plupart ont été perdues). Les publications récentes n'ont toutefois pas pris en compte l'engagement de Cotelle dans ce domaine. En réalité, certains de ces tableaux de Jean Cotelle existent encore, et l'originalité de notre œuvre (ill. 2) réside dans le fait qu'elle appartient à cette catégorie. Comme souvent, les motifs de Cotelle sont empruntés aux peintures de Nicolas Loir (1624-1679), qui était également son beau-frère. L'autre source évidente est l'art du célèbre peintre bolognais Francesco Albani (1578-1660) du XVIIe siècle. Cotelle savait pertinemment que les collectionneurs français de son époque appréciaient beaucoup les tableaux d'Albani, qui étaient à leur tour considérés comme des miniatures, en particulier ceux peints sur cuivre. Ce n'est certainement pas un hasard si notre composition illustre l'histoire de Vénus et Adonis : en 1671, un tableau d'Albani sur le même thème a été acquis pour les collections royales (aujourd'hui au Louvre ; fig. 1). Il est clair que Cotelle s'est inspiré de l'idée de base du couple d'amoureux entouré de putti et surtout de l'accent mis sur la nature. Des comparaisons avec d'autres œuvres de Cotelle sont possibles, même si certaines d'entre elles
sont attribuées à d'autres artistes. On peut citer par exemple la Cérès de Cotelle, actuellement proposée sur le marché de l'art italien (et attribuée à tort à Noël Coypel ; fig. 3), dans laquelle la personnification de l'été (ou Cérès) est représentée de manière similaire à Vénus dans notre tableau. La marque de fabrique de Cotelle semble avoir été une tendance à résumer et à adoucir les formes. On peut également comparer notre œuvre d'art aux tableaux réalisés pour le Trianon. Un détail de « Le bassin de Neptune avec le jugement de Pâris » (Trianon) est reproduit ici (ill. 4). Les proportions des
différents personnages correspondent parfaitement à celles de notre tableau (et aussi à celles de Cérès).
Compte tenu de la différence de hauteur entre ces différents tableaux (qui combinent des vues réelles des jardins de Versailles avec des thèmes mythologiques) et le format réduit des histoires, les personnages prennent presque la forme de miniatures. Il est clair que l'équilibre serait rétabli dès que Cotelle utiliserait le format plus grand des tableaux sur chevalet, ce qui est clairement le cas dans notre tableau. L'impression de personnages miniaturisés disparaîtrait et les tableaux de Cotelle ressembleraient presque à l'une de ces mythologies de Bon Boullogne (1649-1717) et de son jeune frère Louis de Boullogne (1654-1733) ou à celles de Nicolas Loir. La conception plus compacte des personnages dans la série réalisée pour le Trianon, qui contraste avec la représentation plus libre des formes dans notre tableau,
laisse supposer que ce dernier a été peint dans les dernières années de la vie de Cotelle, c'est-à-dire vers 1700, voire plus tard.
Francois Marandet, Londres, 30 juin 2025.
Les œuvres de cet artiste sont très rarement proposées sur le marché de l'art.
N° d'inv. 3.762
8 500 €