Silhouette dans un paysage romantique, c. 1845-1850
10 x 19 cm
Fusain, aquarelle et gouache sur papier
Signé en bas à droite « Louis Marvy »
Encadré, sous verre
Dimensions avec le cadre : 25 x 35 cm
Très bon état
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Au cœur de la période romantique, rien de plus poétique que la silhouette d'une femme seule au bord d'un étang. Elle s'éloigne en silence et l'artiste saisit ce moment dans la rapidité de l'aquarelle, comme pour saisir le dernier instant de cette apparition.
Graveur et illustrateur de talent, collaborateur de la revue l'Artiste durant près de 10 ans, Louis Marvy (1815-1850) a travaillé au rayonnement de l'esthétique romantique et de la nouvelle génération de peintres de paysages en reproduisant notamment les œuvres de Jules Dupré, Théodore Rousseau, Decamps et Narcisse Diaz de la Peña. Au contact des poètes et des peintres, travaillant à Paris mais voyageant fréquemment à Londres, son art s'est enrichi au fil des rencontres et des projets auxquels il a consacré son énergie et son talent, jusqu'à son décès à seulement 36 ans.
Dès les années 1840, Louis Marvy se distingue notamment pour avoir reproduit, dans la revue l'Artiste, plusieurs gravures de Rembrandt, participant dès lors à la diffusion et donc à la redécouverte de l’œuvre du grand maître, grâce à une publication accessible à tous. Il ne fait aucun doute que Louis Marvy a lui-même également été fasciné par Rembrandt, et son travail de reproduction a enrichi son inspiration et sa pratique des arts graphiques.
Autre source d'inspiration, certainement fascinante, en 1847, à l'invitation de Victor Hugo, Louis Marvy a été chargé de graver 4 dessins originaux du poète : les estampes correspondantes sont aujourd'hui conservées à Hauteville House (voir photo).
Au contact de tels maîtres, Marvy apprit l'économie de moyen, le goût du sublime se mêlant au quotidien, ce que l'on retrouve dans cette œuvre sur papier, signée de sa main.
Cette composition on ne peut plus romantique est habilement guidée par un travail à la fois sur la réserve du papier ocre, puis un dessin au fusain, pour les arbres et les abords de l'étang, et ensuite le mouvement plus ample de l'aquarelle, pour le ciel, l'eau et le vent.
Ce dessin original trouve un écho très intéressant dans la suite de 10 gravures que Louis Marvy a exécuté, au cours des années 1840, d'après les œuvres de l'artiste anglaise Carolina Courtenay Boyle (1803-1883), demoiselle d'honneur de la reine Adélaïde de Saxe-Meiningen. Comme souvent, la source d'informations absolument précieuse qu'est le British Museum nous aide à éclairer ce moment de la carrière de l'artiste (voir photos). Nous y découvrons une suite de gravures où des silhouettes parcourent, au loin, des paysages sublimes, imaginaires ou d'après nature.
Notre aquarelle explore cette même esthétique, en y ajoutant la vibration de quelques touches de couleurs parfaitement équilibrées, avec ce détail irrésistible, à la gouache : ce point de rouge dans la robe et son reflet dans l'eau.