Cette rare et intéressant console murale en chêne sculpté, peint gris bleu constitue une remarquable illustration du mobilier français de la première moitié du XVIIIe siècle.
Le bâti, entièrement en chêne, est sculpté avec une grande finesse. La ceinture mouvementée et ajourée est sculpté de coquillage et fleurettes, l'ensemble repose sur deux pieds en consoles fortement galbées qui s’enroulent jusqu’au sol dans un mouvement ample et dynamique.
Ce décor rocaille a la fois symétrique et délicat sert d'encadrement à la traverse basse qui présente un décor naturaliste en ronde-bosse, animé d’une scène de chasse : un chien bondit vers deux oiseaux, pris dans un paysage arboré stylisé. Cette composition sculptée s’inscrit dans la lignée des oeuvres de Jean-Baptiste Oudry (1686–1755), célèbre peintre animalier et auteur de nombreuses vues de chasses royales. On pense notamment à son tableau "Blanche, chienne de la meute de Louis XV" (1727), conservé au Louvre, qui présente un même rapport spatial entre le chien et le gibier dans un paysage à la fois naturaliste et scénique.
Le réalisme du traitement animalier, allié à une théâtralité contrôlée, renvoie aussi à François Desportes, autre grand nom de la peinture cynégétique sous Louis XIV et réactivé au goût du jour dans les années 1730–1750. Il s’agit ici d’une transposition sculpturale d’un thème peint alors très apprécié dans les résidences royales (dessus-de-portes, trumeaux, lambris).
Le programme décoratif de la console est conçu selon une logique de symétrie orchestrée, caractéristique des grands ensembles Louis XV où la fantaisie rocaille se combine à une régularité formelle. On y retrouve des feuillages ajourés, des courbes contrariées, des volutes étroites et des plis bien marqué, qui encadrent la scène centrale comme un cartouche vivant.
Le lien stylistique avec les dessins et compositions de Contant d’Ivry (1698–1776), architecte-décorateur de la noblesse d’Ancien Régime, est perceptible dans le traitement architecturé des masses, la symétrie à peine contrariée, et l’esprit monumental de l’ensemble.
La console est coiffée de son marbre d'époque, un Bleu de Savoie, reconnaissable à ses veines blanches et ses nuances bleutées grisâtres, qui accentuent la finesse de l'ensemble. Ce marbre français, rare dans les productions courantes, était prisé dans les décors raffinés du XVIIIe siècle.
Cette console, par la richesse de son vocabulaire, la précision de la sculpture et la rareté de son sujet cynégétique, pourrait provenir d’un atelier parisien de haut niveau, en lien avec les cercles aristocratiques. Elle peut être rapprochée des commandes d’appartements de chasse ou de pavillons secondaires de grandes résidences.
Elle constitue un exemple rare de mobilier sculpté animé d’un véritable programme narratif, dans l’esprit des grands ensembles décoratifs liés à la chasse royale sous Louis XV.
Dimensions :
Longueur : 125 cm
Profondeur : 61 cm
Hauteur : 84 cm