Élégante paire de pinces à sucre en argent massif de forme ciseaux, réalisée à Londres dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, et attribuée à l’orfèvre WILLIAM HARRISON I, actif à partir de 1758.
Ce modèle présente une monture ajourée, à décor de volutes symétriques et d’enroulements Rococo, typiques du goût anglais sous le règne de GEORGE III. Les bras, de forme galbée, sont réunis par une charnière circulaire à plaque lisse, gravée d’un ancien monogramme E * N. Les extrémités sont formées de deux petites cuillères trilobées moulurées en coquille Saint-Jacques, permettant de saisir les morceaux de sucre, alors servis en pain.
- Lion passant (argent massif 925/1000).
- Poinçon de maître partiellement insculpé sur les anneaux, correspondant très probablement à W.H. pour WILLIAM HARRISON I, selon un type référencé chez plusieurs orfèvres « smallworkers » de Londres.
- Poinçons au cygne (apposé postérieurement en France, attestant du titre de l’argent à l’importation).
Le style, la qualité de fabrication et les dimensions renforcent cette attribution.
Accessoire raffiné du cérémonial du thé dans l’Angleterre géorgienne, ce type de pince se distingue par sa finesse décorative et par sa fabrication artisanale. Les formes ajourées en S, la petite taille, la précision de la mouluration et le poinçon partiel sont autant d’éléments caractéristiques de la production de William HARRISON I, réputé pour ses tea tongs entre 1760 et 1780.
Les pinces à sucre dans l’Angleterre géorgienne
Dans l’Angleterre du XVIIIe siècle, le service du thé devient un véritable rituel social, raffiné et codifié. Le sucre, alors présenté en pains compacts, était cassé en morceaux puis servi à l’aide de pinces à sucre, également appelées ciseaux à sucre ou tea tongs.
À partir des années 1720, ces ustensiles adoptent une forme de ciseaux articulés, souvent richement décorés, destinés aux tables les plus élégantes. Les modèles du milieu du siècle se distinguent par leurs bras ajourés, leurs extrémités trilobées en forme de coquilles, et des décors rococo mêlant volutes, enroulements et symétries raffinées.
Vers 1770, ces pinces de forme "ciseaux" commencent à céder la place à des modèles dits bow tongs, formés d’un simple arceau ressort, plus pratiques à l’usage mais souvent moins ornementés.