Gravure sur Vélin, Faustine Jeune – Tête d’Auguste – Tête de Néron

Faustine Jeune – Tête d’Auguste – Tête de Néron  
Galerie de Florence et du Palais Pitti
Paris, 1789–1807
Gravure originale à l’eau-forte sur papier vélin  
Dimensions de la feuille : env. 54 x 36 cm

Dessinateur : Jean-Baptiste Wicar
Graveur : Claude-Louis Masquelier
Direction artistique : Pierre-François-Léonard Fontaine
Commentaire : Mongez l’aîné, Académie des Inscriptions et Belles-Lettres  

Cette planche rare est extraite de l’imposant ouvrage “Galerie de Florence et du Palais Pitti”, publié entre 1789 et 1807 à Paris. Cette entreprise ambitieuse visait à diffuser les chefs-d’œuvre de la collection des Médicis à travers un corpus gravé exceptionnel, à la fois artistique et savant.  
Elle réunit trois sujets majeurs de l’Antiquité romaine :     
•    Faustine Jeune, impératrice et épouse de Marc-Aurèle, représentée ici dans une statue assise au drapé virtuose, copie antique d’un original hellénistique.     
•    Tête d’Auguste, saisie sur une intaille en sardonyx, incarnation du pouvoir éclairé et de la tempérance impériale.     
•    Tête de Néron, issue d’un camée antique, reconnaissable à ses traits lourds et son expression farouche, symbole de la décadence et de la cruauté.
Faustine Jeune est montrée dans une posture majestueuse et calme, vêtue d’un long peplos dont les plis sont rendus avec une précision remarquable. L’œuvre fascine par le contraste entre le torse sculpté d’un seul bloc et une tête rapportée, posant la question de la restauration antique et moderne.
L’essai de Mongez qui accompagne l’image revient aussi sur sa réputation controversée dans l’Antiquité : accusée de mœurs légères, elle fut protégée par son mari contre les pressions de la cour, conférant à cette figure féminine une aura autant politique que morale.  
La tête d’Auguste, gravée d’après une pierre dure, est saluée pour la noblesse de ses traits, leur douceur et la sagesse qu’ils évoquent. Il incarne ici l’idéal du prince éclairé, proche des figures grecques classiques comme Démosthène, dont il aurait imité la posture oratoire. Cette image, très appréciée à l’époque néoclassique, nourrissait la réflexion politique des élites françaises autour de la notion d’Empire vertueux.  
Enfin, la tête de Néron, en vis-à-vis, s’oppose radicalement à Auguste : le commentaire souligne son regard dur, son cou massif, son menton épais — signes d’une nature brutale. L’œuvre vise ici à faire œuvre morale : elle oppose la sagesse au despotisme, l’équilibre au vice.

Cette approche très XVIIIe siècle reflète la volonté de tirer une leçon politique de l’histoire romaine, au moment où la France elle-même se cherche entre monarchie, République et Empire.  

Caractéristiques de la planche     
•    Gravure d’une finesse remarquable, exécutée sur grand papier vélin d’Annonay.     
•    Texte explicatif d’époque imprimé au verso ou sur planche double, rédigé par Mongez l’aîné.     
•    Tirage original.  

État de conservation
Très bon état général. Papier vergé filigrané, marges intactes, légère patine du temps. Impression nette et contrastée.

Cette planche conjugue le raffinement du trait, la richesse historique et le regard moral porté sur l’Antiquité. Elle incarne à la fois le goût néoclassique, l’érudition du XVIIIe siècle, et la beauté intemporelle des profils impériaux romains. Idéale pour une bibliothèque savante, un cabinet de curiosités ou une galerie murale.