Auguste
de FORBIN
(La
Roque d’Anthéron, 1777 - Paris, 1841)
Ruines
du Colisée à Rome
Huile
sur toile
H. 73 cm ; L. 62 cm
Signée et datée en bas
à gauche 1830
Exposition
: Salon de Paris de 1831, sous le numéro 783
Né sur les
bords de la Durance, c’est à Aix qu’Auguste de Forbin fut formé
au dessin, dans l’école de Jean-Antoine Constantin (1756-1844) ,
aux côtés de François-Marius Granet, qui fut son ami pour la vie.
Après une adolescence lyonnaise au cours de laquelle il reçut les
leçons de Jean-Jacques de Boissieu, il se rend à Paris pendant le
Directoire et, après un bref passage chez Jean-Louis Demarne,
intègre l’atelier de David, toujours en compagnie de Granet, et
commence à exposer au Salon dès 1796 avec un dessin ; les tableaux
qu’il présenta aux Salons de 1799, 1800, 1801 obtinrent un bon
accueil. Avec Granet, Forbin se rendit en Italie en 1801, mais
contrairement à son ami, n’y resta que trois ans, le temps de se
faire apprécier à la cour des Bonaparte et d’y devenir l’amant
de Pauline Borghèse. Après un bref retour à Paris, il participa à
plusieurs campagnes militaires en Espagne et au Portugal entre 1807
et 1809, puis retourna en Italie, notamment à Naples et en
Sicile.
A la Restauration, il fut nommé directeur des
musées royaux à la suite de Vivant-Denon, poste qu’il conservera
sous Louis-Philippe ; ses réussites principales furent, grâce à un
grand sens diplomatique, de retenir en France les chefs-d’œuvre
dérobés sous l’Empire (comme Les Noces de Cana de Véronèse) ou
convoités par les vainqueurs (comme L’enlèvement des Sabines de
David), et de faire entrer au musée d’importantes peintures
novatrices comme Le radeau de la Méduse de
Géricault.
Ces fonctions administratives ne l’empêchèrent pas de poursuivre
son activité de peintre et de participer à tous les Salons jusqu’à
son décès. Il continua aussi de voyager, entreprenant en 1817 un
périple de deux ans au Levant, et un autre en Sicile en 1820, dont
il publiera les récits.
Dans notre tableau, Forbin
reprend le goût des architectures italiennes de Granet, avec des
compositions souvent assez refermées par de hauts murs aux tons
dorés, et des échappées vers le ciel, réduites mais lumineuses,
créant ainsi des effets prononcés de clair-obscur. Son goût pour
les ruines et les cryptes, à l’origine traité dans une veine
historique et moyenâgeuse, se fait ici plus romantique et
pittoresque ; la présence d’un berger et de ses quelques bêtes
indique l’état d’abandon du Colisée, envahi par une végétation
anarchique. A ce Salon de 1831, l’un de ceux où il obtint le plus
de succès, Forbin expose neuf tableaux, dont plusieurs vues de Syrie
et de Palestine, et un autre sujet romain, Vue de la porte Saint-Paul
à Rome ; effet du matin. Au Salon de 1835, il présentera une
Chapelle dans le Colisée à Rome, une scène très sombre
aujourd’hui conservée au Louvre, et dont Granet exécutera les
figures (ce qui ne semble pas être le cas de notre tableau).