Vue de Tolède
Signée, située et datée en bas à gauche
Aquarelle sur papier
35,5 x 55 cm de forme irrégulière
en bon état, quelques rousseurs dans la partie supérieure, apparentes dans le ciel
Encadré sous verre : 50 x 66 cm
Le sujet présente évidemment un intérêt particulier et témoigne des voyages de Ten Cate. On pense naturellement à la Vue de Tolède du Greco, et il devait avoir cette référence à l'esprit, mais il n'adopte pas le point de vue du peintre espagnol et ne s'en inspire pas. Au contraire, il en donne une interprétation très personnelle. La composition très ouverte est typique de son style, immédiatement reconnaissable. La qualité de la lumière rappelle plutôt les œuvres italiennes de Corot.
Il est également intéressant de noter qu'il utilise ici l'aquarelle plutôt que le pastel, ce qui renforce l'impression de sécheresse et de chaleur qu'il parvient admirablement à transmettre.
Ce paysage aux silhouettes éparses a quelque chose de fantastique, qui tient beaucoup au style très particulier de Ten Cate.
Une autre aquarelle de Ten Cate, « Le Pont de Tolède », peinte à Tolède en 1896, est aujourd'hui conservée au Musée Léon Dierx (Saint Denis de la Réunion). Elle témoigne du séjour et de l'activité de Ten Cate dans cette ville et présente également des similitudes frappantes avec des œuvres de Corot.
"Réaliste, Ten Cate porte une attention scrupuleuse aux détails, aux impressions, à l'agitation des foules et à la solitude des lieux déserts. Nous avons parlé des variations de tonalité liées aux heures de la journée et aux saisons. Les temps de pluie et de neige, l'eau et la glace sont généralement choisis par le peintre qui utilise pour cela des pastels."
Véronique Prest dans « Catalogue des pastels du Musée Carnavalet ».
Siebe Johannes Ten Cate est né à Sneek (Pays-Bas) le 27 février 1858. Son père était bourgmestre de la ville
En 1876, Siebe décide de s'inscrire à l'Académie des beaux-arts de La Haye et, après avoir obtenu son diplôme, il poursuit ses études à Anvers et à Bruxelles. À l'âge de vingt-deux ans, il s'installe à Paris et ouvre son propre atelier.
Très vite, il est influencé par l'impressionnisme.
Il fait de fréquents voyages pour trouver l'inspiration, visitant l'Angleterre, la Scandinavie, la Suisse, l'Afrique du Nord et l'Amérique du Nord. Cependant, son domicile reste le 65 rue de Malte à Paris, où il vit avec ses chats et son chien. Ten Cate mène une vie retirée et se consacre à une œuvre impressionnante dans laquelle les paysages et les villes sont le plus souvent plongés dans une atmosphère de pluie et de neige.
Il expose fréquemment, notamment au Salon d'Automne, mais ses œuvres ne sont pas aussi appréciées aux Pays-Bas qu'en France et, bien qu'il y fasse de nombreuses visites, il n'y retournera jamais.
La presse française ne tarit pas d'éloges sur Ten Cate. On l'appelait, par exemple, « le nouveau Jongkind ». Après sa mort, un journal anglais titra « Sad End of a Genius » (triste fin d'un génie).
En France, les musées et les galeries ont commencé à s'intéresser à l'œuvre de Siebe ten Cate dans les années 1890.
Le Louvre lui achète pas moins de quatre tableaux, et le musée Carnavalet en acquiert même une bonne vingtaine. Des marchands d'art tels que Durand-Ruel et Ambroise Vollard exposent Ten Cate dans leurs galeries aux côtés de célèbres impressionnistes, ce qui lui permet de se lier d'amitié avec Alfred Sisley, Camille Pissaro et Vincent van Gogh. Van Gogh décrit Ten Cate comme "un homme très soigné, entièrement vêtu de tissu noir".
Ses peintures et pastels sont exposés au Salon d'Automne aux côtés de ceux de Jean-Baptiste Corot.
Ses sujets de prédilection sont les paysages, les vues de villes et de ports, souvent peuplés de personnages. Le Havre est l'un de ses lieux de prédilection. Il a également réalisé quelques gravures et lithographies.
Il meurt dans une rue de Paris d'une soudaine crise de "congestion". Plus tard, des rumeurs non fondées ont prétendu qu'il était mort de faim ou qu'il avait été abattu par un artiste rival. Pendant de nombreuses années, son œuvre a été négligée aux Pays-Bas. Une grande rétrospective a été organisée au musée Fries Scheepvaart en 2012.
Injustement oublié pendant un temps, il a heureusement regagné les faveurs des amateurs d'art, qui le voient désormais à sa juste place. Ses œuvres se trouvent dans différents musées : Amsterdam (Rijksmuseum), Paris (Musée Carnavalet, Musée d'Orsay, Fondation Custodia) et Genève (Petit Palais), Cleveland (Cleveland Museum of Art).