Deux Vues animés du Jardin de Bagatelle
- Le Grand Rocher et le cénotaphe
- L’Ermitage et l'Obélisque
Paire de gouaches
50 x 60 cm
Fin du XVIIIe siècle
Louis Bélanger nous partage avec ces deux gouaches un précieux témoignage de l’esprit de Bagatelle. Louis est le frère cadet de François-Joseph Bélanger qui est chargé par le comte d’Artois de la construction d’un pavillon de plaisance et la conception du parc avec Thomas Blaikie dans un style anglo-chinois, avec de nombreuses petites fabriques, grottes et cascades, très en vogue à l'époque.
Bagatelle est née d’un défi lancé en 1777 par Marie-Antoinette à son beau-frère, le comte d’Artois : ériger un petit château de plaisance, une Folie, en trois mois. À cet emplacement existait déjà un bâtiment datant du début du XVIIIe siècle qui était le lieu de débauche de la maréchale d’Estrées, de mademoiselle de Charolais puis de madame de Monconseil, d’où son nom de Bagatelle. Le comte d’Artois gagne son pari en élevant sa Folie en soixante-sept jours grâce à son premier architecte, le frère de l’auteur de ces deux aquarelles.
Lors de la Seconde Restauration, le comte d’Artois donne Bagatelle à son fils le duc de Berry puis, à la mort de ce dernier au duc de Bordeaux, futur comte de Chambord. Le domaine est ensuite délaissé par Louis-Philippe et revendu à un anglais, le marquis de Hertford. Richard Wallace en hérite ensuite en 1871. En 1905, la ville de Paris achète le domaine, une grande partie du mobilier et des œuvres d’art sont déjà dispersés. Un certain nombre de sculptures et de pièces mobilières sont aujourd’hui conservées dans les plus grands musées du monde comme notamment le MET à New-York.
Louis Bélanger s’est formé auprès de Pierre-Antoine Demachy (1723-1807), Francesco Casanova (1727-1803) et Louis-Gabriel Moreau, dit Moreau l’Aîné (1740-1806) qui aura une grande influence sur son style. Avant de rejoindre Stockholm où il finira sa vie comme Peintre de la Cour de Suède, Louis Bélanger s’exile à Londres au début de la Révolution, où ses vues de parcs et jardins sont appréciées et réclamées par une clientèle aristocratique. Pour répondre aux désirs de ses commanditaires, Louis Bélanger n’hésite pas à insérer des caprices afin d’embellir la réalité. Nos gouaches ont probablement été réalisées à cette époque.
Témoin privilégié de l’édification de Bagatelle, ces vues inédites mais typiques de l’œuvre de Louis Bélanger enrichissent nos connaissances sur le jardin de Bagatelle et confirment les emplacements des éléments aujourd’hui disparus. Nous reconnaissons aisément le paysage et les ornements du domaine, que l’on retrouve notamment sur des estampes de Claude Fessard, Chéreau ou encore Laurent Guyot, tels que l’Obélisque, l’Ermitage, le cénotaphe sur l’île des Tombeaux et le Grand-Rocher à sa gauche au premier plan.