Pendule Restauration Au " Jeune Zéphyr" De Prudhon, Circa 1820

Elégante Pendule-borne d'Epoque Restauration en bronze doré au mat finement ciselée sur sa caisse à façade architecturée de motifs ornementaux néo-classiques (feuilles, fleurons, palmettes et rinceaux feuillagés d'acanthe) enjolivés de perlés, de fleurettes quadrilobées.
Sous son cadran, centré d'un disque rayonnant et indiquant les heures en chiffres arabes, les graduations des minutes par des aiguilles en "oeil de perdrix" ,prend place un délicat tableautin de porcelaine polychrome. Délicatement peint, celui-ci reprend, d'après une lithographie réalisée vers 1820 par Henri Grèvedon ( (1776-1860), une des plus attachantes et enchanteresse compositions de Pierre-Paul Prud'hon (1758-1829) présentée au Salon de 1814: "Jeune Zéphyr se balançant au-dessus de l'eau" (Dijon, Musée des Beaux-Arts, Inv. D 1982-12-P).
Une haute base à piètement rectangulaire galonnée d'une frise de feuilles d'eau magnifie l'ensemble. Mouvement estampillé de "CLERET", horloger parisien actif dans la capitale entre 1810-1840. Modèle peu courant de la première moitié du XIXe siècle, circa 1820-1830.

Au ryhme du "Zéphyr se balançant" de Prud'hon: Tout à la fois  sobre et raffinée, cette Pendule-borne de Cheminée ou d'alcôve en bronze doré au mat d'Epoque Restauration (1815-1830) adopte la forme néo-classique d'un Autel "A L'Antique". Harmonieusement silhouettée sur une haute base à piètement rectiligne galonnée sur son profil en doucine d'une frise de feuilles d'eau, elle est parée sur sa façade architecturée de motifs ornementaux finement ciselés. Feuilles, fleurons, volutes, palmettes d'acanthe stylisés ponctués de fleurettes agrémentent ,isolés ou formant thyrses, piédestaux et montants de deux pilastres couronnés de chapiteaux "composite". Sur ces derniers, s'élève, scandé d'une agrafe à motif  de palmette en éventail , un séyant fronton curviligne souligné d'un perlé, de rinceaux feuillagés enjolivés de fleurs quadrilobées .
Exécuté également en bronze doré, le cadran de la pendule, centré d'un disque à motif rayonnant ceint de listels concentriques sertis d'oves, d'un enfilage de perles indique les heures en chiffres arabes, les graduations des minutes par deux aiguilles "oeil de perdrix" en acier . Inscrit dans sa caisse, le mouvement porte, insculpté sur sa platine, le nom- répertorié par Tardy dans son Dictionnaire des Horlogers Français (1971, p.138) , les Almanachs du Commerce de Paris"de la première moitié du XIXe siècle- de "CLERET" , Horloger qui excerça  sa profession entre 1810-1840 successivement rue de La Vieille-Monnaie, de La Verrerie puis au 1, de la rue du Barre-du-Bec.
Bien que succintes, ces sources bibliographiques comme imprimées, nous permettent de fait d'établir une datation de cette pièce horlogère de qualité que vient illuminer un fort ravissant Tableautin en porcelaine  polychrome au séduisant sujet de Zéphyr- incarnation du "Vent d'Ouest "dont "la douceur du souffle rend  vie aux fleurs", à la Nature.   

En 1814, lors du Salon sis au Palais du Louvre, Pierre-Paul Prud'hon (1758-1829), peintre apprécié des têtes  couronnées , des riches mécènes et amateurs d'art de son temps (Napoléon 1ie, Joséphine de Beauharnais, Marie-Louise d'Autriche; les  Comtes Gian Battista Sommariva et de Forbin) , présentait audit Salon sous le n°771 un "Zéphyr se balançant au-dessus des eaux". Considéré comme "un des plus beaux ornements" (F.Miel, 1817) de cette prestigieuse Expostion nationale, ce "charmant "tableau  tout à la fois "exquis" et "novateur"devait s'imposer à la postérité en ce qu'il réunissait des "plus rares qualités de l'artiste": composition "parfaitement harmonieuse admirablement exécutée",touche "fine, moelleuse aux nuances délicates, variées et cependant d'une remarquable fermeté","inspiration" tout à la fois "simple, franche" et d'une "indéfinissable" poésie.  Les prosateurs du Salon, les biographes de l'artiste s'attachèrent à la description de cette toile qui, à même "d'exprimer la grâce touchante, la candeur, l'innocence de la jeunesse ", devait dès sa présentation enthousiasmer le public et,de fait susciter entre 1820-1830 de la part des artistes-graveurs (André Laugier, Pitaux,.C.Normand, H .Grèvedon,Schoniger )des transcriptions gravées utilisées notamment pour la création de pièces horlogères "mettant en scène" le "Zéphyr" de Prud'Hon.
On citera celle rédigée par Charles Clément: "Au bord d'une source, dans un bocage plein d'ombre et de fraîcheur, Zèphyr, sous les traits d'un jeune enfant, se tient des deux mains aux branches de deux arbres jumeaux. Son corps est légèrement inflèchi; il penche sa jolie tête bouclée et regarde son image dans le pur miroir qu'il effeure de son pied droit. Il a replié sa jambe gauche et semble sourire de la fraîcheur de l'eau.Une légère draperie bleue flottte en arrière autour de lui. La figure, d'un galbe délicieux, se détache sur le fond obscur du paysage (..)". Exécuté avec finesse, le tableautin de porcelaine ornant notre pendule- transposition picturale de la "charmante et trés délicate lithographie" réalisée vers 1820 par le peintre-miniaturiste et lithographe Pierre-Paul-Henri Grèvedon (1776-1860) dont elle reprend le parti "en contre-partie, tête inversée"-présente en regard de l'oeuvre originale de Prud'hon de sensibles variations chromatiques.
Aux blanches "ailes de gaze", à l'aérienne"écharpe azurée" parant les épaules, "effleurant le corps" de Zéphyr, l'artiste-miniaturiste a substitué de sémillantes tonalités de rose-parme lesquelles accentuent la souplesse, la grâce voluptueuse de la figure enfantine, confèrent préciosité et luminosité à l'image prud'honienne dont C.Clément en 1872 déclarait qu'elle était "de ce(lles)qui laissent un trait dans le coeur".
Au- delà de sa sobriété formelle et ornementale, cette Pendule-borne placée sous l'égide du "Jeune Zéphyr se balançant au-dessus des eaux" de Prud'hon - "tableau qui réveille tant d'idées si riantes et si poétiques"- s'inscrit parmi les plus  séduisantes réalisations horlogères parisiennes d'Epoque Restauration. Jouant avec finesse d'un référent iconographique à sujet allégorique charmeur, elle fut et demeure une invitation à d'ineffables et printaniers Bonheur(s). "

Réfèrences Bibliographiques : -  Laveissière, Sylvain, Prud'Hon, ou le Rêve du Bonheur. Cat. exposition, Paris, Galeries du Grand -Palais, 1997-1998, Paris RMN, pp. 251.;-Clèment, Charles, Prud'Hon, sa vie, son oeuvre et ses correspondances, Paris: 1872, pp. 392-394; -Miel, Edme-François, Essai sur les Beaux-Arts (..), 1817, pp. 209-216;- Villot, Frédéric, Essai sur un catalogue raisonné des gravures et lithographies exécutées par M.Pierre-Paul Prud'Hon, ou d'après ses compositions par différents artistes, in Le Cabinet de L'Amateur et de l'Antiquaire, T.III, 1844, pp.481-509 - Tardy, Dictionnaire des Horlogers Français, 1971, p. 138; -Almanach du Commerce de Paris, 1827-1832 -

Dimensions: H.: 35 cm;-L.: 18, 5 cm; -Pr.: 10, 5cm. Materiaux: Bronze doré; Porcelaine fine de Paris à décor polychrome; acier.

Marques et estampilles: Mouvement numéroté sur sa platine  "4041" et estampillé CLERET, Horloger actif à Paris  entre 1806 et 1842. (Tardy, Dictionnaire des Horlogers Français, 1971, p. 133)

Travail parisien d'Epoque Restauration de la première partie du XIXe siècle, Circa 1820-1830 Bon Etat génèral. Dorure d'origine. Mouvement à fil nettoyé et  fonctionnel.