- Deux petites déchirures dans la large marge droite, pli visible en haut à gauche.
- Unis dans la mort -
En illustrant la Chute, Hans Thoma reprend l’un des thèmes majeurs de l’histoire de l’art occidental, largement représenté notamment à la Renaissance en raison des corps nus. Si la Chute symbolise le détournement de l’homme de Dieu, Thoma met ici en lumière ce qui sépare Adam et Ève, mais aussi ce qui les unit. L’arbre et, avec lui, le serpent, créent une séparation entre les deux figures, ce qui se reflète aussi dans leur langage corporel distinct. Ève tend la main vers la pomme et regarde le serpent aux allures de tentatrice, tandis qu’Adam, replié sur lui-même, semble contempler avec mélancolie les conséquences profondes de la transgression. Mais Ève aussi exprime une gravité empreinte de tristesse. Au-delà de leur état d’âme partagé, c’est la symétrie de leurs pieds et le buisson qui s’élève entre eux, semblant croître aussi bien vers Ève que vers Adam, qui les relie. Mais c’est surtout la figure de la Mort derrière eux, tenant un drap tendu, qui les unit. C’est dans leur mortalité qu’Adam et Ève sont réunis.
Sur l'artiste
Après avoir abandonné ses apprentissages en lithographie, en peinture et en peinture de panneaux de montre, Hans Thoma se forma de manière autodidacte en tant que peintre. Cela lui permit d’obtenir une bourse en 1859 pour l’école des beaux-arts de Karlsruhe, où il fut l’élève de Wilhelm Schirmer et de Ludwig Des Coudres. Après avoir terminé ses études en 1866, Thoma séjourna à Bâle et à Düsseldorf. Là, il fit la connaissance d'Otto Scholderer, avec qui il se rendit à Paris en 1868. Là-bas, l’art de Gustave Courbet et l'école de Barbizon le marquèrent profondément. Après le rejet de ses œuvres par le Kunstverein de Karlsruhe, Thoma s'installa à Munich en 1870, où il fut proche du cercle de Leibl. À Munich, Wilhelm Trüber travailla un temps dans l'atelier de Thoma. En 1874, il entreprit son premier voyage en Italie avec le peintre Albert Lang, où il rencontra Hans von Marées et Adolph von Hildebrand, et se lia d'amitié avec Arnold Böcklin, dont l'art exerça une profonde influence sur lui. À son retour à Munich, Cella Berteneder devint l'élève de Thoma, qu'il épousa en 1877. Sur l'invitation du collectionneur d'art Charles Minoprio, Thoma se rendit en Angleterre en 1879. Au fil des années, Minoprio acquit plus de 60 tableaux à l'huile de Thoma et organisa en 1884 la première exposition de ses œuvres à l'étranger, à Liverpool. Depuis 1878, Thoma vivait à Francfort. L'année suivante, le Kunstverein de Francfort organisa la première exposition individuelle de ses œuvres. Après un voyage aux Pays-Bas, Thoma s'installa en 1899 à Kronberg im Taunus, où résidait la colonie d'artistes de Kronberg. La même année, il fut nommé professeur à l'école des beaux-arts de Karlsruhe et directeur de la Kunsthalle de Karlsruhe. En 1901, Hans Thoma co-fonda avec Wilhelm Süs la Manufacture de Majolique du Grand-Duché de Bade à Karlsruhe, pour laquelle il fournit désormais des dessins. Thoma était désormais au sommet de sa gloire artistique. Le "Meyers Großes Konversations-Lexikon", dans son édition de 1909, affirmait que Thoma était devenu le peintre favori du peuple allemand. À l'occasion de son 80e anniversaire en 1919, Ernst Oppler et Lovis Corinth organisèrent une grande célébration en son honneur. Après la mort de Thoma, la Galerie nationale de Berlin lui consacra une grande rétrospective en 1922, suivie par la Kunsthalle de Bâle en 1924.