Inro à 5 cases, Hara Yoyusai 1769-1845, Japon, époque Edo
Inrō à cinq cases signé Yōyūsai, réalisé dans la première moitié du XIXe siècle par Hara Yōyūsai (1769–1845), maître de la laque de l’époque Edo. Cette pièce raffinée, haute de 8 cm, s’inscrit dans la tradition de l’art des inrō, conjuguant une virtuosité technique à une sensibilité narrative délicate.
L’extérieur est orné d’une scène animée, sans doute inspirée du Dit du Genji, exécutée en laque or et argent selon les techniques complexes de takamaki-e (laque en relief) et hiramaki-e (laque plate), sur un fond brun profond à reflets mordorés.
Le décor s’étend sans rupture sur les cinq compartiments, articulant un paysage fluide : éléments d’architecture, végétation finement ciselée, personnages en mouvement dans un jardin aristocratique, enveloppés d’un souffle poétique. Chaque détail, depuis la nervure des bambous jusqu’au pli d’un kimono, est minutieusement modelé.
Le revers révèle une composition en suite, montrant deux personnages près d’un palanquin sur un sentier bordé de pins, l’un d’eux fume sa pipe.
La signature Yōyūsai est inscrite en laque or sur la base.
Hara Yōyūsai fut l’un des plus grands laqueurs de son temps, actif à Kyōto et Tokyo, célébré pour ses compositions élégantes et ses fonds aux textures subtiles. Héritier spirituel de la tradition Kōami, il sut marier rigueur classique et inventions décoratives, influençant durablement l’esthétique du XIXe siècle. Ses œuvres sont conservées dans les collections du Musée national de Tokyo à Boston et au Victoria and Albert Museum.
L’intérieur de l’inrō est entièrement en laque nashiji, technique consistant à saupoudrer des particules d’or sur fond laqué, évoquant l’éclat de la poire. Le cordon est monté d’un ojime en verre soufflé couleur ambre, dont la transparence douce répond à la chaleur des ors.
Une pièce, rare par la complexité de son décor et la qualité de son exécution, pour des collectionneurs exigeants et amateurs d’art japonais classique.