Drageoir en argent de forme ovoïde, reposant sur un piédouche souligné d’une frise de palmettes et d’une bague finement godronnée. La verrine en cristal taillé présente un élégant décor de frises d’oves alternées.
Le couvercle est orné à l’épaulement une frise figurant sur fond amati des épis de blés et des cygnes s’abreuvant à une fontaine jaillissante. Il est sommé d’un frétel en ronde-bosse représentant un cygne aux ailes déployées reposant sur une conque marine.
De part et d’autre prennent place deux anses en crosses, la partie inférieure rythmée de manchettes antiques, la partie supérieure à riche décor de cornes d’abondance ciselées de rinceaux, acanthes, fleurs et fleurettes. Les extrémités s’achèvent en guirlandes de fleurs et fruits tels que oranges, poires, grenades éclatées et pampres.
Le corps en argent, finement ajouré, présente sur les parties latérales des brassées d’épis de blé. En partie centrale une remarquable scène mythologique d’une grande finesse figure un Amour nourrissant un bouc dans un paysage bucolique. Ce motif, à la fois poétique et allégorique, se réfère à un thème cher au néoclassicisme : la domination des instincts par la douceur civilisatrice.
Poinçons :- Branche de laurier ;
- Poinçon de contrôle au cygne ;
- Poinçons étrangers non identifiés.
- Hauteur : 26 cm.
- Largeur : 23,5 cm.
- Diamètre : 11,8 cm.
Poids net : 440 grammes.
Travail européen vers 1820-1830.
Rapport de condition :
Très bon état général.
Le motif principal singulier de ce drageoir puise dans l’iconographie gréco-romaine revisitée à la fin du XVIIIe siècle, dans un contexte de redécouverte érudite des modèles antiques. L’Amour, figure enfantine et civilisatrice, y est figuré en interaction avec un animal associé à Pan ou à l’univers dionysiaque, incarnant l’instinct, la vigueur ou la part sauvage de la nature. Par cette mise en scène, le décor exprime une idée chère aux Lumières : la possibilité, par l’amour ou la douceur, de dompter les forces brutes. Cette lecture allégorique, mêlant légèreté et profondeur morale, est caractéristique du vocabulaire décoratif néoclassique en vogue dès les années 1780.
Le vocabulaire formel, palmettes, oves, épis, cygnes, guirlandes de fruits, anses en volutes, inscrit pleinement cette œuvre dans le courant néoclassique, nourri de références antiques et d’un idéal d’abondance pacifiée, où chaque détail vient magnifier l’harmonie entre nature, civilisation et vertu. Le cygne, figure élégante liée à Vénus ou à Apollon, parachève cette atmosphère inspirée, où se mêlent raffinement, harmonie formelle et références aux vertus idéalisées de l’Antiquité.
Bien que ce drageoir ait été exécuté au tout début du XIXe siècle, il s’inscrit pleinement dans le prolongement du goût néoclassique développé sous le règne de Louis XVI, et perpétué sous le Directoire et l’Empire.































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