- Léger jaunissement au bas de la feuille, quelques plis minimes, sinon en bon état général.
- La moralité de la guerre -
Lovis Corinth place Immanuel Kant sur une colline et le laisse regarder au loin, au-dessus du lagon de Königsberg. D'une main, il a retiré son chapeau, tandis qu'il désigne l'horizon de l'autre. En traversant la ligne de l'horizon, la main fait allusion au monde dans son ensemble. Cette main forme une parallèle avec la silhouette du clocher, dont le toit s'élève également vers le ciel. Malgré la foi et les principes moraux associés à celle-ci, Kant, auteur du traité Vers la paix perpétuelle (1795), est contraint de constater que les hommes sont des « barbares » face à l'incendie mondial qui se déchaîne.
Sur l'artiste
Désireux de devenir artiste, Corinth entra en 1876 à l'Académie des beaux-arts de Königsberg, où il étudia avec Otto Günther, qui lui fit découvrir la peinture en plein air de Weimar. Sur la recommandation de Günther, Corinth rejoignit l'Académie des beaux-arts de Munich en 1880. Sous l'influence du groupe de Leibls et de Wilhelm Trübner, il adopta une conception naturaliste de l'art, qui s'opposait à la peinture historique académique. Après une interruption d'études d'un an pour accomplir son service militaire volontaire, Corinth entreprit un voyage d'études en Italie en 1883, puis se rendit à Anvers l'année suivante, où il suivit des cours d'art avec Paul Eugène Gorge. De 1884 à 1887, il séjourna à Paris et se consacra principalement à la peinture de nus à l'Académie Julian. Après un passage à Berlin, où il rencontra Max Klinger, Walter Leistikow et Karl Stauffer-Bern, Corinth vécut à Munich de 1891 à 1901, et devint membre fondateur de la Sécession de Munich, créée en 1892, à laquelle se joignirent Max Liebermann, Otto Eckmann, Thomas Theodor Heine, Hans Olde, Hans Thoma, Wilhelm Trübner, Franz von Stuck et Fritz von Uhde. De la Sécession naquit la scission de la "Libre Association des XXIV" ou des "24 de Munich", à laquelle Corinth appartenait. Sous la direction d'Otto Eckmann, Corinth apprit en 1894 l'art de la gravure à l'eau-forte et développa dans la peinture la technique du "mouillé sur mouillé", qui caractérisa ses œuvres par un trait en relief. Les relations avec Berlin se renforcèrent. Lors de la première exposition de la Sécession berlinoise en 1899, il réalisa un portrait de Liebemann, qui à son tour fit un portrait de Corinth. Après que son tableau Salomé eut été rejeté par la Sécession de Munich, Corinth s'installa définitivement à Berlin, où le tableau reçut une grande admiration à l'exposition de la Sécession berlinoise. Grâce à l'intermédiation de Walter Leistikow, Corinth devint un portraitiste très recherché. En 1903, Corinth ouvrit une école de peinture et épousa en 1904 sa première élève, Charlotte Berend. Paul Cassirer organisa sa première exposition personnelle. À Berlin, Corinth se consacra également au théâtre. Il collabora avec Max Reinhardt, créant des décors et des costumes. Après la démission de Max Liebermann, Corinth fut élu président de la Sécession en 1911. La même année, il subit un accident vasculaire cérébral qui le paralysa partiellement. Il se tourna alors intensivement vers la gravure et découvrit l'illustration de livres. En 1913, Paul Cassirer organisa sa première grande rétrospective, et en 1918, pour son 60e anniversaire, la Sécession berlinoise lui consacra une grande exposition. En 1923, pour son 65e anniversaire, sa carrière artistique fut couronnée par une vaste exposition personnelle à la Nationalgalerie. Même après la scission de la "Sécession libre" de la "Sécession berlinoise", Corinth demeura dans l'association d'origine, dont il fut à nouveau élu président en 1915. L'année suivante, il fut nommé professeur à l'Académie des beaux-arts de Berlin. En 1919, les Corinth achetèrent une maison de campagne au bord du Walchensee, en Bavière, qu'il fixa dans plus de 60 peintures. En 1925, lors d'un voyage à Amsterdam pour rendre hommage à ses grands maîtres Frans Hals et Rembrandt, Corinth décéda.