Provenance : Collection Conde de la Cortina, Jalapa, Mexique.
Cette paire de paysages s'inscrit dans le cadre de l'école espagnole de la première moitié du XIXe siècle, avec une affiliation romantique évidente. Tous deux témoignent de la connaissance du paysage classique hollandais, l'une des principales influences du paysage romantique espagnol. Ainsi, on observe des compositions en « V », fermées sur les côtés et ouvertes au centre, des horizons très bas qui permettent un large développement du ciel, des espaces construits en profondeur à partir de plans successifs subtilement différenciés par la lumière et la couleur, et de petites figures parfaitement intégrées dans le cadre naturel. En outre, les ciels sont scéniques et efficaces, avec des nuages bas derrière lesquels filtre la lumière dorée caractéristique du paysage classique. L'un des aspects les plus radicaux de la peinture romantique a été la tentative de remplacer les grandes toiles à thème historique ou religieux par des paysages. Ils voulaient que les paysages purs, presque sans figures ou complètement dépourvus de figures, atteignent la signification héroïque de la peinture historique. Ils fondaient leur travail sur l'idée que le sentiment humain et la nature devaient être complémentaires, l'un se reflétant dans l'autre. En d'autres termes, le paysage doit susciter des émotions et transmettre des idées. Ainsi, les peintres paysagistes comme l'auteur de ces tableaux ont essayé d'exprimer leurs sentiments à travers le paysage, au lieu de l'imiter. Les paysages romantiques présentaient deux aspects principaux : l'aspect dramatique et l'aspect de la nature. En effet, l'utilisation de la lumière par l'artiste lui-même véhicule ici une atmosphère brumeuse, trouble et onirique qui invite le spectateur à la méditation et à la contemplation du paysage. Le paysage romantique est cependant constitué de manifestations très diverses qui ne sont pas comparables entre elles ; il ne touche pas toutes les écoles nationales de la même manière, restant plus fidèle à la tradition dans des écoles comme la française ou la hollandaise. Ainsi, dans ce canevas, on ne retrouve pas les grandioses décors britanniques et allemands, les montagnes escarpées ou les ruines gothiques monumentales. Au contraire, il s'agit d'un paysage plat, très horizontal malgré les éléments verticaux qui ferment les côtés au premier plan, doté d'un doux dynamisme déterminé par les collines et les nuages en mouvement. Les éléments les plus typiques du paysage romantique n'apparaissent pas, comme le climat hostile ou la ruine gothique, bien qu'il y ait une séparation claire entre le premier plan et l'arrière-plan, ce qui renforce le caractère scénographique dérivé de l'efficacité de l'éclairage. La perspective typique, très marquée, en forme de gouffre, est également utilisée, complétée par une légère confusion des points de vue. Ainsi, les perspectives grandiloquentes de la veduta du XVIIIe siècle sont ici appliquées à un paysage sobre, ce qui nuance la construction scénographique du paysage, si typiquement romantique. Malgré ces différences locales, dans ce romantisme contenu dans la forme, on trouve cependant un contenu clairement poétique, qui dépasse la simple représentation de la nature pour dépeindre la nature comme un reflet des sentiments de l'auteur, mélancolique et sombre, extrêmement solitaire. -
Dimensions : 66 x 80 cm ; 74 x 87,5 cm (marco)