Femme Dans Les Sous-bois, 19e Siècle Adolphe Monticelli (1824-1886)

Femme dans les sous-bois, 19e siècle

Adolphe MONTICELLI (1824-1886)

Grande scène boisée impressionniste française du 19ème siècle représentant des femmes nues, huile sur toile d'Adolphe Monticelli. Excellente qualité et état, étiqueté au verso et présenté dans son cadre original doré percé à la main.

Provenance : Orangerie des Tuileries, 1953, n°1. 07 Sheon, Paris

Dimensions : 25" x 22" encadré environ

Biographie

Monticelli entre à l'âge de 22 ans dans l'atelier parisien de Paul Delaroche. Ses parents privilégient d'abord une carrière de pharmacien, mais sont vite convaincus de sa vocation artistique, plus grâce au manque total d'enthousiasme de leur fils pour toute autre activité qu'à des preuves de talent remarquable de sa part. Adolphe fut un élève relativement modeste durant ses trois années à l'école municipale de dessin de Marseille ; sa véritable inspiration fut le Louvre, où il passa de longues heures à copier des œuvres de Rembrandt, Véronèse et Giorgione, et où il rencontra Delacroix, qu'il admira toute sa vie. Il revient à Marseille de 1849 à 1863, puis s'installe à nouveau dans la capitale française jusqu'au déclenchement des hostilités en 1870. La carrière de Monticelli se partage à parts égales entre Paris et Marseille (il y passe au total 15 ans). Son évolution artistique est marquée par des périodes « parisiennes » et « marseillaises » clairement distinctes, mais son œuvre dans son ensemble reste soutenue par une exploration inépuisable et permanente des propriétés physiques, expressives et spirituelles de la couleur. Ses premières œuvres romantiques (avant 1860) se caractérisent par un dessin habile, une manipulation soignée et l'utilisation d'émaux dans les tons jaune et rouge-brun sur une base bitumineuse. Une poignée de compositions de cette période présentent un jeu plus vivant de couleurs plus vives et plus pures ; vers 1860, la technique de Monticelli avait évolué de plus en plus dans cette direction. Ses peintures des années 1860 se caractérisent par des effets nacrés et irisés et une palette sophistiquée. Ses scènes du Décaméron ou des fêtes galantes à St-Cloud véhiculent un sentiment exaltant de joie de vivre, de luxe et de plaisir raffiné, parfaitement en accord avec son personnage « dandifié ». Napoléon III acquiert deux de ses tableaux et jouit d'un public enthousiaste parmi les collectionneurs britanniques. Malgré les limites de son sujet et de ses motifs, sa peinture était toujours fraîche et pétillante, jamais mécanique. Delacroix exprime sa surprise et son admiration devant le succès de Monticelli : « Il y avait autour de Monticelli une sorte de rumeur d'attente parmi ses confrères peintres ». Monticelli lui-même n'était pas troublé par les opinions de ses critiques, qu'il ne fréquentait pas, ni par celles de ses collectionneurs, puisqu'il vendait ses tableaux exclusivement par l'intermédiaire de marchands. Il était dépourvu d'ambition sociale ou financière, se contentant de vendre suffisamment d'œuvres pour soutenir le style de vie qu'il avait choisi et n'exposait jamais au Salon. C'était un habilleur élégant, un coureur de jupons et un gourmet. Son dégoût pour les intrigues sociales explique peut-être en partie pourquoi il n’a jamais reçu les honneurs publics habituels. À la manière du héros de Victor Hugo, Ruy Blas, il nourrit une passion sentimentale et idéalisée pour l'impératrice de Napoléon III, Eugénie de Montijo, dont les traits se retrouvent dans certaines de ses figures féminines. Avec la chute du Second Empire en 1870, l'existence dilletante de Monticelli à Paris prend fin brusquement. Il quitte à pied son domicile de Romainville, séjourne quelques semaines à Salon, dans le sud de la France, et arrive à Marseille en 1871, aujourd'hui âgé de 47 ans. Incompris et éloigné des collectionneurs locaux et de l'élite intellectuelle de la ville, Monticelli est contraint de travailler En isolement. A Marseille, avec son tumulte et sa misère, ses couchers de soleil qui évoquent à l'horizon les splendeurs orientales du Maghreb, Monticelli était libre de développer son style distinctif et mature. La paix revenue, il choisit de rester dans le sud, malgré les instances de ses amis parisiens, vivant dans une seule pièce meublée d'un lit bas, d'un chevalet et de deux chaises. Baigné d'une lumière violacée depuis son unique fenêtre, tendue d'un rideau à fleurs rouges, Monticelli se plaisait dans son humble logement et s'installait avec contentement dans une nouvelle vie de probité tranquille, appréciant la compagnie d'une poignée de commerçants locaux - des gens simples, ordinaires, amoureux de bonne nourriture et buveurs rituels d'absinthe. Il fréquente l'opéra et la pantomime italienne, très en vogue à l'époque, et se laisse transporter par les musiques de toutes sortes, notamment celle des groupes gitans hongrois qui se produisent régulièrement dans les bars et cafés de la ville. «Au dernier coup d'archet du violoniste, il se précipitait vers son grenier, allumait toutes les bougies qu'il pouvait rassembler et peignait jusqu'à ce qu'il soit faible de fatigue.» (Paul Guigou). La corrélation entre musique et images est au cœur de l'œuvre de Monticelli tout au long de sa dernière période marseillaise. Comme ses contemporains Théophile Gautier et Baudelaire, il semble avoir fait l'expérience de la synesthésie, « entendre » les propriétés mélodiques des couleurs et de la lumière dans ce qui est devenu, pour Monticelli, une musique permanente.