(Lyon, 1596 – Paris, 1657)
L’Annonciation
Huile sur albâtre (cassure unique ancienne parfaitement restaurée)
H. 25 cm ; L. 30 cm
Fils de François Stellaert, peintre d’origine flamande installé à Rome en 1576, puis à Lyon, Jacques Stella naquit dans cette ville en 1596. Vers 1619, il partit pour Florence où il travailla pour Cosme II de Médicis. Il y rencontra probablement déjà Nicolas Poussin et Jacques Callot. Stella quitta Florence pour Rome en 1622 ou 1623, où il se lia d’amitié avec Poussin, arrivé en 1624. Stella se rendit célèbre dans le monde des amateurs italiens par ses petits tableaux peints sur des supports précieux : marbre, agate, lapis, ardoise, ainsi que par ses gravures et dessins. En 1634, ayant reçu des offres du roi d’Espagne, il quitta Rome dans la suite du maréchal de Créqui, ambassadeur de France. Il passa par Venise, s’arrêta à Lyon en 1635, puis à Paris. Retenu par Richelieu qui le prit à son service, il se fixa dans la capitale du royaume. Couvert de faveurs, il bénéficiait d’un logement au Louvre et d’une pension considérable. Il reçut plus tard le collier de l’ordre de Saint-Michel, rare honneur pour un artiste.
Longtemps délaissé par les historiens d’art, Stella est pourtant l’un des grands peintres du XVIIème siècle français. Son art est puissant et sobre, et ses compositions solidement équilibrées sont peuplées de figures sculpturales et dépouillées qui attestent sa connaissance de l’Antique. La facture lisse et porcelainée de ses dernières œuvres, les couleurs fondues dans une lumière froide et abstraite, firent de Stella un des plus importants représentants de l’atticisme parisien des années 1640, et un modèle du néo-classicisme.
Certainement réalisée après son retour en France, cette très fine plaque d’albâtre aux mouvements naturels « nuageux », permet à Stella de faire léviter l’archange annonciateur. Cet épisode fondateur de la vie du Christ est relaté dans le Nouveau Testament, mystère central du culte Chrétien où le divin s’incarne dans l’homme. L’ange Gabriel annonce à Marie qu’elle portera le fruit un enfant en son sein tout en restant vierge. Elle devient la mère du Fils de Dieu.
Ce sujet a été représenté par les plus grands artistes tant son importance est grande dans la foi chrétienne. Pratiquement toujours dans le même axe, l’archange vient de la gauche et des nuées et se trouve donc plus haut que Marie souvent représentée à genoux en prière, terrienne, humaine.
Stella apporte ici un détail supplémentaire que l’on retrouve dans une partie de l’iconographie des annonciations, c’est à dire le lys en fleur et sa tige que portent l’ange Gabriel. Symbole de pureté, et donc de virginité.
Stella réalise plusieurs fois ce sujet important. En 1631 alors qu’il est encore en Italie, il réalise une très belle version sur lapis-lazuli qui nous donne une idée de celle qu’il a réalisera à la charnière stylistique de sa carrière, le retour de Rome en France. Une petite œuvre sur ardoise reprend les éléments caractéristiques de notre vierge. Les coloris, le drapé, la position des mains, tout comme l’ange où l’on retrouve de nombreuses similitudes. Sylvain Kerspern, spécialiste de l’artiste date notre œuvre de la même période et l’inclura à son catalogue.