François Linke (1855-1846)- Bibliothèque De Style Tansition. Circa 1900

François LINKE (1855-1846)- Superbe Bibilothèque de Cabinet de Travail de forme architecturée à légers ressauts et côtés sensiblement galbés en acajou et placage de Satiné marqueté de cubes sans fond dans des encadrements de bronzes dorés ciselés de raies-de-coeur. Couronnée d'une corniche en doucine, sa composition tripartite présente deux corps latéraux aux vantaux grillagés dans leur partie supérieure et pleins dans la partie basse encadrant un ample corps central évidé. Une opulente parure de bronzes dorés ciselés de feuilles de refend, de feuillages d'acanthe et de chêne habille chutes,écoinçons, piétement, tablier complétée horizontalement par des frises ajourées d'entrelacs fleuronnés, des rubans entrecroisés. De Style Arabesque, deux appliques en bronze dorés très finement ciselées à motifs de Cornes d'Abondance garnies,de brandon embrasé et couronne fleurie apportent une touche de raffinement à cette imposante pièce mobilière reposant sur huit pieds cambrés griffus. Signée "F.Linke"sur le bronze du montant droit.
Fait parti d'un ensemble Bureau, Bibliothèque, Corbeille, Fauteuil
D'un remarquable équilibre formel, cette BIBLIOTHEQUE de forme architecturée à légers ressauts repose sur huit vigoureux  pieds cambrés. Couronnée d'une corniche en doucine soulignée  de joncs moulurés, elle présente une composition tripartite dominée par la rigueur et l'harmonie: ample, évidé, un corps central aux profils élégamment incurvés unifie deux corps latéraux aux vantaux grillagés dans leur partie supérieure et pleins dans la partie basse. Leurs montants au galbe arrondis tempèrent la belle monumentalité de cette pièce mobilière sciemment conçue.
 Scandée d'une parure de bronzes dorés d'inspiration Louuis XV et néoclassique ciselée sur ses chûtes, ses sabots de puissants enroulements feuillagés d'acanthe prolongés d'un chapelet de piastres, parcourus d'ondoyants rameaux de chêne rubané, de feuilles de refend, celle-ci est revêtue d'un placage d'Acajou au lustre moiré. Sertis d'encadrements à motifs de raies-de-coeur, des panneaux enveloppés d'un  Satiné marqueté en cubes rythment, adoucissent la structure du meuble. Pondérés, rubans entrecroisés, frises d'entrelacs fleuronnés, écoinçons  et tablier agrémentés  de fleurons et feuilles d'acanthe en soulignent l'heureuse articulation.
Sur chaque vantail, rayonne, disposé en applique, un superbe bronze ornemental de Style Arabesque propre aux  réalisations d'un extrême raffinement auréolant les luxueux meubles d'ébénisterie fine  créés dans le derniers tiers du XVIIIe siècle par Jean-Henri Reisener (1734-1806) ou Guillaume Beneman (1750-1811). Liées par un ample ruban noué, deux  Cornes d'Abondance jaillissant de fleurons d'acanthe épanchent en guirlandes pendantes leur opulente frondaison de fleurs et de fruits; elles  encadrent un brandon embrasé enserré dans une couronne délicieusement fleurie  magnifiée de myrte. Cet aimable répertoire ornemental est repris sur les entrées de serrure.
Ouverts, les  vantaux démasquent un intérieur "non moins amoureusement soigné": celui de  gauche donne à voir  dix casiers à la façade plaquée d'acajou et celui de droite, quatre étagères sur crémaillières de la même essence. Formant cartonnier et bibliothèque privative, ces aménagements complétent la partie médiane propice à la présentation d'objets d 'art et de collection.
         *Combinant fonctions et rangements multiples, cette Bibliothèque vraissemblablement destinée au Cabinet de Travail d'un Amateur érudit est exemplaire de l'art consommé de François  Linke dont chaque oeuvre soumise à l'appréciation des assidus Rapporteurs du Salon annuel du Mobilier (Paris, Grand Palais)retenait leur attention, leur plume. De conception"admirable", d'une technique "irréprochable" et d'une ornementation recherchée, "chaque pièce mérite un examen spécial" , notait l'un d'entre-eux en 1908 . Trois ans plus  tard, en regard de  "l'incomparable réunion d'oeuves génèreuses et belles" exposées par Linke ,Henri Havard écrivait: " tous ces meubles isolés offerts à notre admiration (..) furent, ou du moins semblent avoir été inspirés dans leurs réalisations par ces 'styles classiques' du XVII et XVIIIe siècle (..). Mais, ces 'styles' ont été remaniés, transformés, mis à notre taille, adaptés à nos usages, à nos besoins, à notre goût". C'est ce qu'accomplit avec une indéniable touche de Modernité- profil épuré et linéaire de sa partie médiane-notre Bibliothèque de Style Transition signée sur un des bronzes de son montant droit: "F.Linke'.
Matériaux: Bois d'Acajou; Placage d'acajou travaillé "en fil"; placage de bois de Satiné marqueté; Bronze ciselé doré; Cuivre et tissu.
Dimensions: . H.: cm; L. : cm  Pr.: cm.
Travail  du début du XXe Siècle de Style Transition de la Maison François Linke, entre 1905-1910 . Signé.
Un nom incontournable de l'Ebénisterie de luxe parisienne de la fin du XIXe-début XXe siècles: François LINKE (Pancraz, Bohême, 1855-Paris, 1946).
Eclairées (Denise Ledoux-Lebard, 2000 ), copieusemement étudiées  (Christophe Payne,2003), la personnalité tout comme la carrière artistique et industrielle de François Linke qui ,en son siècle fut le principal  Ambassadeur de l'éminence du  Goût Français, constitue pour tout Amateur de beau Mobilier une référence incontournable. Fort prisée, sa "signature" en son vivant " de plus en plus appréciée dans le monde artistique" (1905) incarne de nos jours la suprématie du savoir-faire de l'ébénisterie de luxe parisienne conjuguée  à une  confondante re-invention formelle des éblouissants modèles séculaires hérités du passé.
Liés  au monde du marché de l'art (Gazette de L'Hôtel Drouot,.Biennales,...), pléthore d'articles louent, encensent le nom, les productions de ce"grand ébéniste parisien" devenu, selon l'avis circonspect d'un de ses contemporains  "un ébéniste pour milliardaires" (1911) .Sa biographie y étant maintes fois retracée, nous brosserons lestement- pour les curieux-  le parcours  de ce "chef consciencieux et scrupuleux d'une  de nos  plus belles industries  artistiques " (1903) que fut François Linke ( Pancraz, 1855-Paris,1946).
Originaire de Bohême, François  Linke ,renouant  ainsi avec la tradition du XVIIIe siècle des ébénistes étrangers venus  s'installer en France ,se fixe dans la capitale parisienne en 1875. Oeuvrant entre autres  pour le compte des frères Zweiner, il  crée en 1881  ses  propres ateliers  situés " au coeur du commerce du meuble",170, rue du Faubourg Saint-Antoine.Spécialisé  dans le meuble dart et l'ébènisterie fine, il conquiert grâce à "son travail, son opiniâtreté"  une réputation auprès d'une clientèle séduite par "le métier de haute perfection", le fini et cachet apportés à toutes les pièces mobilières sorties de son atelier qu'elles soient des reproductions des meubles royaux, princiers des XVI-XVIIIe siècle ou des créations personnelles répondant aux tendances esthétiques de l'époque.
Or, ce" grand industriel" qui était "en même temps un artiste sincère, dévoré du tourment de son art" (A.de Niort, 1903) n 'avait pas dit son dernier mot. Dès 1890, en vue de l'Exposition Universelle de Paris de 1900, il attache à sa  Maison un "sculpteur-ornemaniste de rare mérite" Léon Messagé (1842-1901) et, de leur fructueuse collaboration éclôreront ces "bijoux" d'ébénisterie d'une étourdissante complexité d'un Style Louis XV revisité à l'aune de L'Art Nouveau. Enthousiasmés, le Jury applaudira (Médaille d'Or), la critique encensera "L'Exposition de la maison Linke" "considérée comme "le gros événement de l'histoire du meuble d'art en l'an de grâce 1900" (Ch.Dambreuse). Subjugués par cette"merveilleuse réunion de meubles d'art exquis"concurrençant  "les brillants Stands" des Beurdeley, Dasson, Zweiner,.. "les amateurs d'art, du beau"ne se méprendront pas.Et, la clientèle européenne, internationale des  têtes  couronnées (le Roi d'Egypte Fouad 1er, Guillaume II), des nantis (le Comte  Antonio Devetto,le collectionneur anglais Isaac Dudley Flechter),des milliardaires (le bolivien Simo Itarri Patino,l'américain Raphael de Lamar ..) conquise par ses "meubles d'une royale majesté " "afflueront vers la "fameuse Maison" désormais "universellement connue".
Au faîte de sa carrière (Médaillé d'or , hors-Concours aux Expositions Universelles de  Saint -Louis, Franco-Britannique de Londres  et  de Liège),devenu une des "physionomie du Tout-Paris mondain et artistique", François  Linke  adjoignit en 1904  à ses Ateliers  un Etablissement de Décoration et d'Ameublement d'art ancré 26, rue Vendôme, à l'angle de la Rue de La Paix, "demeure de toutes les élégances parisiennes".
Glorifié en 1906 d'une  Croix de la Légion d'Honneur venue saluer en sa personne "le champion d'un nationalisme artistique et industriel", François Linke devait par la suite, lors des Salons parisiens annuels du Mobilier Industriel et Artistique du Grand Palais (de 1902 à 1913), "affirmer de plus en plus par la puissance et la beauté artistique de toutes ses créations qui", n'hésitait pas à l'ajouter le commentateur du Salon de 1902 "seront plus tard classiques et recherchées des collectionneurs, comme le sont les meubles de Caffièri, de Boulle,.." (Le Journal, du 9 octobre 1902). Ce que ne dément point de nos jours le succés de F.Linke auprès d'un public appréçiant à leur juste valeur ses pièces mobilières où se trouvent "uni à autant d'art autant de savoir-faire".

 Références: Payne, Christopher, Paris, La Quintessence du meuble au XIXe siècle, Ed. Monelle-Hayot, 2018, pp.436-455 - François Linke (1855-1946), The Belle Epoque of French Furniture, Antique Collector's Club, Woodbridge, 2003- Denise  Ledoux-Lebard, Le mobilier français du XIXe siècle, dictionnaire des ébénistes et des menuisiers, Ed.de L'Amateur, 2000 , pp.439-443
Parmi les  Sources imprimées :Dambreuse, Charles, "L'Art industriel à l'Exposition de Meuble de Style-M.F Linke", in :Revue Aritstique et Industrielle, juillet-Août 1900; Anonyme, "A L'Exposition", in: Le Réveil, 9 juin 1900-De Niort, Albert, "M.F.Linke", in: Le Petit Moniteur Universel, 3 octobre 1903