Raoul Verlet, né à Angoulême, a reçu une formation académique aux beaux-arts de Paris, dans l’atelier de Cavelier, puis celui de Barrias. Le style académique qu’il a développé tout au long de sa carrière a été fortement influencé par l’éclectisme de la fin du XIXe siècle. Il débute aux côtés de son père, entrepreneur en monuments funéraires et concierge de cimetière. Le jeune Verlet aspire alors à une carrière d’artiste : il abandonne l’apprentissage familial et convint ses parents de le laisser s’installer à Paris, où il suit l’enseignement de Cavelier, puis de Barrias, à l’Ecole des Beaux-Arts.
En 1885, Raoul Verlet fait déjà grand bruit au Salon des Artistes français avec son tombeau de Madame Lazare Weiller : une sépulture en forme de lit grandeur nature, où dorment dans des draps froissés, un couple de jeunes gens enlacés. Très éloignée des normes de la nouvelle bourgeoisie fortunée de l’époque, l’oeuvre fait scandale ("Un tombeau sculpté en 1885 fut critiqué vertement, dit Thiébaut-Sisson" in "Fantômes de Pierre : la sculpture à Angoulême 1860-1930 par Béatrice Roslin). Il remporte toutefois la même année le concours du Monument aux mobiles de Charente. Cette allégorie de la France armée installée à Angoulême est voisine de notre allégorie de la mécanique, assise, le regard ombrageux et impavide, enveloppée dans son voile de grand deuil.
Verlet aura une production très abondante et variée, de la statuette ornementale aux portraits, des grands monuments aux tombeaux. Il signe notamment en 1894 le monument de Maupassant au parc Monceau, ou en 1899 le monument d’Adrien Dubouché, aujourd’hui conservé au musée de Limoges, de même que le buste délié et expressif de la comtesse de Gramont dont il fréquentait le brillant salon.
Aussi Raoul Verlet atteste-t-il une nouvelle fois de sa virtuosité avec cette Allégorie de la mécanique, considérée par Bertrand Bayer, auteur de nombreux ouvrages sur la sculpture, comme « l’un des plus beaux visages de la statuaire française ». Aussi n'est-il guère étonnant que l'aplomb dans la douleur de la belle pleureuse du cimetière Sainte-Croix traduise avec une telle éloquence la perte de ce précoce inventeur de la machine à calculer à 19 ans ( sur laquelle est accoudée la jeune femme), chercheur et inventeur de génie qui réalisa le premier moteur français de voiture et expérimenta avec les frères Wright les premiers moteurs d’avion.
OEUVRE EN RELATION :
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Monument funéraire de Léon Bollée, Allégorie de la Mécanique 1913, by Raoul Verlet (1859-1930), Cimetière Saint-Croix, Le Mans