Mademoiselle Guimard, Buste En Terre Cuite d’Après Merchi

Buste en terre cuite de Mademoiselle Guimard d’après Gaetano Merchi
France, fin du XIXᵉ siècle
Épreuve en terre cuite patinéeBuste en terre cuite de Mademoiselle Guimard, l’une des danseuses les plus célèbres et les plus influentes du XVIIIᵉ siècle. Il s’agit d’une épreuve moulée réalisée à la fin du XIXᵉ siècle d’après le modèle créé cent ans plus tôt par le sculpteur d’origine italienne Gaetano Merchi, dont les portraits de femmes élégantes furent particulièrement prisés dans les salons parisiens de l’époque. La pièce reprend fidèlement le modelé précis du visage, la coiffure haute composée de mèches savamment bouclées et le drapé souple du corsage, autant d’éléments caractéristiques du style délicat adopté par Merchi dans les années 1770–1780. La patine chaude et homogène met en valeur la douceur du modelé et donne à l’ensemble une présence raffinée qui rappelle la grâce du sujet original.
Mademoiselle Guimard, de son vrai nom Marie-Madeleine Guimard (1743–1816), fut l’une des grandes figures de la scène parisienne sous le règne de Louis XVI. Entrée à l’Opéra en 1761, elle s’imposa rapidement comme l’incarnation même de la danse gracieuse et expressive, s’opposant au style plus virtuose et athlétique de ses contemporaines. Ses contemporains admiraient surtout sa capacité à suggérer des émotions par la simple attitude du corps, un style fondé sur l’élégance et l’intelligence chorégraphique. Elle était louée pour sa légèreté, sa fluidité et une présence qui faisait d’elle une muse privilégiée pour les peintres, graveurs et sculpteurs dans le Paris au temps des Lumières.
Sa renommée ne se limitait pas à la scène. Personnalité mondaine très en vue, elle tenait un salon artistique parmi les plus brillants de la capitale. Elle fit construire son propre hôtel particulier, l’Hôtel Guimard, confié à l’architecte Claude-Nicolas Ledoux, l’un des plus grands représentants du néoclassicisme. Ce lieu devint un centre intellectuel et artistique où se côtoyaient écrivains, philosophes, aristocrates et musiciens. Mademoiselle Guimard y organisait représentations, concerts et soirées littéraires, renforçant encore son influence sur la vie culturelle du XVIIIᵉ siècle. Séductrice assumée, femme indépendante à une époque où cela fascinait autant que cela choquait, elle fut tour à tour adulée, critiquée, enviée et caricaturée, ce qui contribua à façonner sa légende.
Merchi, sensible à l’élégance naturelle et à la silhouette fine de la danseuse, réalisa un modèle devenu emblématique pour la délicatesse de son expression et pour le charme qu’il dégage. Les portraits sculptés de Mademoiselle Guimard, dont celui-ci reprend fidèlement l’esprit, sont devenus des icônes du portrait féminin du XVIIIᵉ siècle, au même titre que les bustes de ses contemporaines actrices et danseuses. À la fin du XIXᵉ siècle, alors que l’époque était traversée par un profond engouement pour le style du XVIIIᵉ siècle, des ateliers parisiens rééditèrent les modèles de Merchi sous forme d’épreuves moulées en terre cuite, en plâtre ou en biscuit. Ces rééditions ornaient les intérieurs bourgeois, les bibliothèques, les salons de réception , les théâtres  et les salles de spectacle.
Ce buste s’inscrit parfaitement dans cette production. Son état de conservation est très satisfaisant, avec de très légères usures de surface caractéristiques de son âge et de sa matière. La finesse du moulage, la qualité de la patine et le parfait rendu des détails en font une œuvre décorative d’un grand charme.