Une version intéressante, de style napolitain marqué, datant d'environ 1680, d'une des célèbres compositions de Rubens et Gowy commandées par Philippe IV pour une magnifique série de sujets mythologiques destinés à la Torre de la Parada. L'exécution impeccable s'inscrit dans la lignée, quoique différemment, de la touche vibrante du prince des peintres flamands.
La toile dite « La Chute d'Icare », faisant partie de la commande de Pierre Paul Rubens pour la Torre de la Parada (vers 1636-1638), et dont la version définitive au Prado est attribuée à des artistes de son entourage tels que Jacob Pieter Gowy, représente le point culminant tragique des Métamorphoses d'Ovide : le moment où la cire fond au soleil et où le fils de Dédale succombe à son ambition et à la gravité. La composition, inspirée d'une esquisse originale de Rubens (conservée à Bruxelles), met l'accent sur le moment le plus dramatique, montrant la chute spectaculaire d'Icare qui évoque des parallèles iconographiques avec celle de Phaéton, tous deux ignorant les avertissements de leur père. Dans le tableau du Prado, Gowy introduit une innovation narrative par rapport à la version de Rubens : une plage en arrière-plan où l'on aperçoit Dédale et Icare marchant, illustrant l'instant précédant la fuite, un ajout fréquent dans les éditions illustrées d'Ovide pour éclairer le récit.
Ce chef-d'œuvre flamand trouve un puissant écho dans sa version de 1680, époque où l'école parthénopéenne, sous l'influence de la grandiloquence et du ténébrisme romains, était obsédée par le pathétique et le mouvement. Tandis que la version originale de Rubens et de son atelier privilégie la force de la composition et l'anatomie héroïque, l'exécution napolitaine a probablement intensifié le drame et le jeu des ombres. Les pinceaux du sud de l'Italie auraient intensifié le contraste de lumière entre le corps pâle et précipité d'Icare et les eaux qui l'engloutissent, employant un sfumato dense pour accentuer le fatalisme. Cette réinterprétation napolitaine, qui s'empare du caractère spectaculaire de la composition de Rubens, l'imprègne de la spiritualité tragique et de la théâtralité sombre caractéristiques du baroque italien tardif, faisant de la chute du héros une métaphore de la fragilité humaine face à l'orgueil démesuré – le tout dans une période où le dynamisme et la souffrance étaient les moteurs de la peinture.
- Dimensions de l'image sans cadre : 60 x 72 cm / 81 x 93 cm avec un magnifique cadre sur mesure d'inspiration historiciste.





























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