Exceptionnel et immense panneau en plâtre patiné début XXe s, figurant une frise orientaliste de bédouins ayant capturé et dressant un tigre, dans un paysage de désert montagneux.
Cette fresque architecturale et monumentale (LONGUEUR 155cm x HAUTEUR 115cm) en staf patiné en léger bas-relief léger, au sujet orientaliste, porte les signatures en creux de l'artiste R. FRAPPIEZ (en bas à droite, oblique, semblant manuscrite et moins nette) et de l'atelier J COURAUD Paris (très régulière, comme appliquée par un cachet avec une profondeur uniforme, en bas à gauche, noyée au milieu du décor)
La matière, du staff (plâtre renforcé par une structure ligneuse / fibres, parfois avec de la résine), apparait à la fin du XIXe et au début du XXe. Elle permet la reproduction d’une œuvre originale sculptée à un ou quelques exemplaires limités seulement. Le thème orientaliste est alors à la mode, les artistes français et d’ailleurs représentent et décrivent fréquemment des scènes d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient.
Ce type de frise architecturale est couramment utilisé à cette époque pour des projets d’EXPOSITIONS UNIVERSELLES OU COLONIALES, souvent lors de concours, ou aussi fréquemment pour l’ornementation architecturale exotique d’appartements bourgeois ou de villas privées.
Sa faible épaisseur (5 cm seulement) et son poids relativement léger devaient permettre un accrochage facile. Ces panneaux pouvaient aussi ainsi être pensés comme des décorations temporaires, faciles à remplacer dans une décoration intérieure (inclusion dans des boiseries).
*René FRAPPIEZ (1879-1953), membre de la Société des Artistes Français, est un sculpteur français justement connu pour ses bas-reliefs d’art décoratif. Sculpteur et médailliste, élève des sculpteurs académiques Louis-Ernest BARRIAS (Paris 1841- Paris 1905) et Jules COUTANT (Paris 1848 – Paris 1939),
*J COURAUD à Paris fait référence à un atelier reconnu de moulage et de fabrication, produisant ces panneaux décoratifs monumentaux en plâtre, notamment pour des décorations architecturales ou pour des expositions parisiennes, collaborant avec divers sculpteurs et décorateurs d’intérieur(salle d’exposition, appartement, théâtre, …)
La combinaison de ces 2 noms suggère donc plutôt que COURAUD soit bien l’atelier ayant mis en œuvre la création imaginée par l’artiste René FRAPPIEZ. Il s’agit bien ici en tout cas d’une œuvre liant l’artiste à l’artisan. L’œuvre semble pouvoir être datée avec certitude des années 1900/1910, et traduit le goût de l’époque pour l’Orient et l’Exotisme.
Trois bédouins à pied, portant des vêtements amples et turbans maîtrisent avec d’épaisses cordes tendues un tigre qu’ils viennent de capturer, alors qu’un quatrième homme, lui sur un dromadaire, pointe une lance vers le fauve pour aider ses comparses à diriger et conduire le dangereux animal.
Etat:
Le panneau est étonnament, et de façon exceptionnelle, en parfait état de conservation, compte tenu de sa matière très fragile et de la relative faible épaisseur du panneau.
La patine d’ensemble d’origine est elle aussi idéalement conservée ; les couleurs chaudes (ocres, bruns,rouges, jaunes) traduisant l’atmosphère aride de cette scène du désert.
Influences : l’œuvre évoque les décorations ou expositions coloniales parisiennes vers 1900. L'oeuvre est ainsi typique de la tradition décorative française, alors marquée par la fascination pour l’Orient et les colonies.
Ce panneau présente un véritable intérêt artistique, par sa qualité de modelé, sa composition narrative et sa patine ancienne, mais aussi un intérêt historique certain : témoin du dialogue entre art et artisanat dans les ateliers parisiens du début du XXᵉ siècle, il évoque le goût de la Belle Epoque pour l’Orientalisme.
Si la signature du fabricant de la fresque est parfaitement lisible, celle de l'artiste ayant sculpté et créé le sujet l'est beaucoup moins car des rayures trouble sa lisibilté. Une empreinte a été réalisée avec de la pâte à modeler pour déchiffrer le nom de l'artiste, et ne laisse plus aucun doute quant à sa pérénité.
J'imagine déjà avec délectation le possible résultat d'un accrochage de cette oeuvre atypique sur un large et haut mur blanc d'un appartement (parisien ? pourquoi pas puisqu'il s'agit de son origine et de sa destination probables), avec des moulures...





































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