- Montbaron révèle à ses clients cette authentique apparition picturale, une effusion figée dans le temps, issue du cercle intime de Giovanni Bernardo Carbone, le grand prêtre du portrait qui sut sculpter la psyché des plus belles familles du baroque génois. Ce n'est pas une simple toile, mais une révélation. La silhouette de la jeune courtisane, diva à la beauté glaciale, se détache dans l'ombre sur le rideau de théâtre drapé d'un pourpre tragique et somptueux. Son visage, énigme sculptée, émerge de l'ombre par d'exquis sfumati qui dissolvent la chair dans une brume de désir, couronné d'un magnifique turban qui s'élève tel un caprice oriental, en pleine et délicieuse communion avec la mode la plus fiévreuse de l'Italie du Nord vers 1650.
Une orgie de bijoux impitoyables, rendue avec une précision obsessionnelle et spectaculaire, ponctue l'obscurité de la place de velours nocturne. Mais la volupté suprême réside dans le geste : attribut par excellence d’une dame versée dans les doux poisons de l’intellect, ses mains fines, aux doigts de lys, tiennent le rouleau d’une partition, tandis que l’autre repose sur le clavier d’un virginal, autel d’ébène et d’ivoire orné d’un blason héraldique. Après consultation d’héraldistes, on présume que cet emblème, symbole du destin, appartient à l’illustre lignée des Zoppi, une maison piémontaise dont les influences dynastiques résonnent au sein de la noblesse ligure et de la Vénétie occidentale. L’œuvre ne se contemple pas, mais se respire comme un parfum ancien et troublant.
- Giovanni Bernardo Carbone (Albaro, 1614 – Gênes, 1683), alias Carboni, fut une figure centrale du baroque génois, dont la maîtrise fit de lui le portraitiste par excellence de la haute société de son temps. Formé initialement sous la tutelle de Giovanni Andrea de Ferrari, Carbone enrichit son style lors de voyages à Venise vers 1643 et 1650, absorbant des influences cruciales qui affinèrent sa technique. Spécialisé dans le portrait, il exécutait généralement des personnages en pied ou de trois quarts, représentant l'aristocratie génoise parée de ses plus beaux habits ou entourée de ses plus somptueux biens. Cette approche fit de lui le principal émule local du style courtois imposé par Antoine van Dyck, saisissant la dignité et le statut social de ses sujets avec une élégance inimitable.
- Dimensions de l'image non encadrée : 95 x 119 cm / 113 x 138 cm, avec un cadre raffiné d'inspiration hollandaise du début du XXe siècle.





























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