Marie Joseph Clavel dit Iwill
1850-1923
Effet de Brume matinal à Dordrecht
Huile sur toile signés Iwill en bas à gauche et situés Dordrecht en bas à droite
Dimensions : 47 x 61 cm
Dimensions avec cadre : 66 x 82 cm
Cette scène paisible et enveloppée de brume de Marie-Joseph Clavel, dit Iwill, capte toute la délicatesse d’un matin brumeux
sur les eaux calmes de Dordrecht. Au premier plan, l'eau forme une étendue douce, à peine troublée, dont la surface reflète subtilement les teintes blanches et jaunes d’un soleil pâle, encore voilé par la brume matinale. Ces reflets lumineux, presque diaphanes, se mêlent aux bleus de l’eau, créant un effet d’embruns et de lumière diffusée qui baigne toute la scène dans une atmosphère éthérée.
Au centre de la composition trône un bateau, solide et immobile, qui semble ancré dans ce silence humide. Il s’agit
probablement d’une péniche ou d’un navire de transport fluvial, avec un mat élancé dressé vers le ciel laiteux. Les détails de
son chargement, avec des filets, des bâches et des objets divers posés sur son pont, témoignent d’une activité humaine
discrète mais présente. Juste à côté, un petit canot vient s’y amarrer, ajoutant une note de mouvement potentiel dans cette
composition figée.
À l’arrière-plan, la ville de Dordrecht se devine à travers la brume, dans une palette de tons lavande et gris-bleu. Les silhouettes
floues des bâtiments et des clochers, peut-être celle de la Grote Kerk
Tout dans cette oeuvre parle de calme, de silence et de lumière diffuse. Le traitement impressionniste, presque vaporeux, Iwill rend
hommage à la beauté du quotidien et à la poésie des paysages fluviaux hollandais.
Biographie de Marie Joseph Clavel dit Iwill
Originaire d'une famille ayant des attaches en Lorraine, il passe une partie de son enfance à Nancy. Après des études au Lycée Bonaparte à Paris, il commence une carrière dans le commerce, répondant aux attentes de son père. Il travaille notamment dans le domaine de la joaillerie, où il démontre un talent particulier pour le dessin. La guerre franco-prussienne de 1870 marque un tournant décisif dans sa vie. Engagé volontaire, il atteint le grade de sergent et, après la défaite de l'armée de l'Est, se retrouve interné en Suisse. C'est au contact des paysages alpins enneigés qu'il ressent une profonde fascination pour la nature. Cette expérience forge sa vocation artistique et l'éloigne définitivement du commerce. À son retour, il travaille brièvement au secrétariat de l'Assemblée nationale en tant que sténographe, mais sa passion pour l'art le pousse à se consacrer pleinement à la peinture. En adoptant le pseudonyme "Iwill", il affirme sa détermination à réussir dans ce domaine. Dès 1875, il commence à exposer au Salon de la Société des Artistes Français, où son talent est rapidement reconnu. En 1885, il devient l'un des fondateurs de la Société Nationale des Beaux-Arts et participe également à des salons prestigieux tels que ceux des Orientalistes, des Aquarellistes et des Pastellistes. Ses oeuvres figurent dans des expositions universelles où il remporte plusieurs distinctions.
Iwill est particulièrement apprécié pour ses paysages lumineux et atmosphériques, souvent réalisés au pastel, une technique qu'il maîtrise avec une grande finesse. Son travail reflète une attention particulière à la lumière, qu'elle soit éclatante ou tamisée, et une recherche continue d'émotion et de sérénité. Grand voyageur, il installe son chevalet en Normandie, en Bretagne, en Hollande, en Italie (notamment à Rome et Venise) et dans bien d'autres régions. Ses oeuvres captent l'atmosphère unique de chaque lieu, que ce soit les ciels mouvants, les saisons changeantes ou la douceur de la lumière. Il est également influencé par la résurgence de l'art du pastel à son époque, qu'il contribue à enrichir.
Iwill est fait chevalier de la Légion d'honneur en 1894 en reconnaissance de sa contribution artistique. Tout au long de sa carrière, il reste fidèle à ses convictions esthétiques, refusant le travail facile pour privilégier l'étude approfondie de la nature. Ses oeuvres, témoins de son attachement à la beauté du monde, continuent d'être prisées. Elles figurent dans de nombreuses collections privées et publiques, en France comme à l'étranger. Les amateurs de son art voient en lui un peintre sensible, capable de transcrire avec une précision émotive les paysages qu'il contemple.
Musées
Musée d'Orsay, Paris
Musée des Beaux-Arts:Béziers , Dijon, Rouen
Musée Goya, Castres
Musée de Louviers, Belgique
Bibliographies
Eugène Guénin, " Iwill ", in Les Parisiens de Paris
Frédéric Clavel, sa vie, son oeuvre, Bulletin de la Société historique de Suresnes, janvier 1932