SCULPTURE-RELIQUAIRE DE SAINTE ANNE ENSEIGNANTE - Vallée du Rhône, XV-XVIᵉ s

SCULPTURE-RELIQUAIRE DE SAINTE ANNE ENSEIGNANTE - Vallée du Rhône, FIN XV-XVIᵉ siècle

Importante sculpture religieuse en bois de noyer, représentant Sainte Anne assise, tenant un livre ouvert sur ses genoux, dans l’attitude traditionnelle de l’enseignement de la Vierge Marie. La figure de l’Enfant, autrefois sculptée à ses côtés, a disparu.
La statue mesure 86 cm de hauteur, ce qui en fait une œuvre de belle taille, sans doute destinée à une chapelle ou un autel paroissial.
Le style – visage ovale, drapés rigides mais expressifs – correspond à la production gothique tardive encore en vigueur dans la vallée du Rhône au XVIᵉ siècle, région connue pour ses ateliers de sculpture sur bois.

Technique et structure
Bois sculpté en profondeur : le dos est évidé, pratique courante pour alléger la pièce, éviter les fentes et l’accrocher dans une niche.
La partie arrière révèle un évidement aménagé avec des clous et une planche rapportée, suggérant que la statue servait aussi de reliquaire ou de statue de consécration. Cette cavité pouvait contenir des reliques, fragments de parchemins ou textes sacrés, coutume fréquente dans les statues de dévotion médiévales et renaissantes.

État de conservation
La statue présente des manques : disparition d’un bras, d’une main, de la figure de la Vierge enfant.
Usures, patine ancienne.
Toutefois le visage et les plis de l'habit sont intactes, de même la lecture de l'oeuvre a conservé son intégrité.

Interprétation historique
Les mutilations visibles (bras et mains brisés, absence de l’Enfant, surface ébréchée) semblent correspondre non pas à une simple usure accidentelle, mais à une destruction volontaire. Il est tout à fait plausible qu’elles aient été infligées lors de la Révolution française, période marquée par un fort iconoclasme. Les révolutionnaires détruisaient ou mutilaient les statues religieuses avec des outils lourds (haches, masses, barres de fer), arrachaient les têtes, mains ou attributs, et faisaient disparaître les polychromies jugées « superstitieuses ».
Ainsi, les blessures de cette statue ne sont pas seulement des accidents du temps : elles constituent le témoignage direct des violences révolutionnaires et de l’histoire tourmentée de l’art sacré en France.

Malgré ses lacunes, cette statue possède une grande valeur historique et artistique :
Elle illustre l’iconographie populaire de Sainte Anne enseignante, très vénérée en France à la fin du Moyen Âge.
Elle témoigne de la production régionale de la vallée du Rhône au XVIᵉ siècle.
Son dos évidé et aménagé comme un reliquaire en fait une œuvre rare.
Ses mutilations révolutionnaires renforcent son intérêt patrimonial comme document d’histoire religieuse et politique.