L’affiche lithographique « Côte d’Azur » de Picasso occupe une place singulière dans l’histoire des affiches touristiques du XXᵉ siècle. Réalisée en 1962, elle témoigne à la fois de l’attachement de l’artiste à cette région du sud de la France et de l’importance de la lithographie comme médium de diffusion artistique. La composition, simple mais vibrante, associe le soleil, la mer et la lumière méditerranéenne à l’écriture manuscrite de Picasso, conférant à l’ensemble une spontanéité pleine de vitalité. Loin de l’affiche publicitaire traditionnelle, souvent très descriptive, Picasso privilégie ici l’essentiel : un signe, une couleur, une impression.
La lithographie, inventée à la fin du XVIIIᵉ siècle, permettait aux artistes de reproduire leurs œuvres en plusieurs exemplaires tout en conservant la richesse du trait. Au XXᵉ siècle, de nombreux créateurs, de Toulouse-Lautrec à Chagall, l’ont utilisée pour toucher un public plus large. Picasso, qui expérimente sans cesse de nouvelles techniques, a trouvé dans ce procédé une manière de conjuguer accessibilité et créativité. Son affiche pour la Côte d’Azur n’est pas seulement une invitation au voyage : elle est aussi une œuvre d’art en soi, qui illustre la rencontre entre l’art moderne et la communication visuelle.
Le choix du bleu éclatant et du jaune solaire traduit l’évidence d’un paysage intérieur plus qu’une description réaliste. Picasso cherche à transmettre une atmosphère, presque une mémoire sensorielle, plutôt qu’un panorama touristique. En cela, il renouvelle profondément le langage de l’affiche lithographique, en l’élevant au rang d’expression poétique. On y retrouve sa liberté de geste, sa simplification des formes et sa capacité à aller droit à l’essentiel.
Ainsi, l’affiche « Côte d’Azur » résume parfaitement l’esprit méditerranéen cher à Picasso : la lumière, la mer et la joie de vivre. Elle illustre aussi combien l’artiste a contribué à brouiller les frontières entre art et publicité, entre œuvre unique et reproduction. Plus qu’un simple objet de promotion, elle demeure un fragment de l’univers créatif d’un maître du XXᵉ siècle.