La Seine, 1906
Signé et daté en bas à droite
Pastel sur papier
25 x 39 cm
en bon état, très frais,
Encadré sous verre : 33 x 47 cm
Ce beau pastel reprend un thème cher à Ten Cate : l'eau et les rivières.
On y retrouve les traits subtils qu'il aimait mettre en valeur dans ses compositions : comme dans beaucoup de ses œuvres, il peint de petits détails dans des couleurs chaudes dans une composition dominée par des couleurs froides. C'est le casdu toit rouge de la maison à gauche ou de la coque du bateau à vapeur. Ces détails renforcent l'effet d'ensemble.
C'est une caractéristique typique de son style que l'on retrouve dans d'autres œuvres de ce peintre que je présente ici.
En outre, il a sans doute glissé un hommage discret à Turner dans le motif principal : le voilier remorqué par un bateau à vapeur est clairement une référence au Fighting Temeraire (Le Dernier Voyage du Téméraire) du maître anglais.
Cette référence à Turner est très intéressante pour appréhender la culture picturale de Ten Cate et la manière dont il s'est inspiré de ces prédécesseurs.
« Réaliste, Ten Cate accorde une attention scrupuleuse aux détails, aux impressions, à l'agitation des foules et à la solitude des lieux déserts. Nous avons évoqué les variations de ton liées à l'heure de la journée et aux saisons. Le temps pluvieux et neigeux, l'eau et la glace sont généralement choisis par le peintre, qui utilise des pastels à cette fin. »
Véronique Prest dans « Catalogue des pastels du Musée Carnavalet »
Siebe Johannes Ten Cate est né à Sneek (Pays-Bas) le 27 février 1858. Son père était maire de la ville.
En 1876, Siebe décide d'entrer à l'Académie des Beaux-Arts de La Haye et, après avoir obtenu son diplôme, poursuit ses études à Anvers et à Bruxelles. À l'âge de vingt-deux ans, il s'installe à Paris et ouvre son propre atelier.
Il fut rapidement influencé par l'impressionnisme.
Il voyageait fréquemment pour trouver l'inspiration, visitant l'Angleterre, la Scandinavie, la Suisse, l'Afrique du Nord et l'Amérique du Nord. Cependant, il continua à vivre au 65 rue de Malte à Paris, où il vivait avec ses chats et son chien. Ten Cate menait une vie recluse et se consacrait à une œuvre impressionnante dans laquelle les paysages et les paysages urbains sont le plus souvent plongés dans une atmosphère de pluie et de neige.
Il exposa fréquemment, notamment au Salon d'Automne, mais ses œuvres n'étaient pas aussi appréciées aux Pays-Bas qu'en France. Ainsi, bien qu'il s'y soit rendu à de nombreuses reprises, il n'y retourna jamais.
La presse française ne tarissait pas d'éloges à l'égard de Ten Cate. On le surnommait par exemple « le nouveau Jongkind ». Après sa mort, un journal anglais titra « La triste fin d'un génie ».
Les musées et galeries français ont commencé à s'intéresser au travail de Siebe ten Cate dans les années 1890.
Le Louvre lui a acheté pas moins de quatre tableaux, et le musée Carnavalet en a même acquis une bonne vingtaine. Des marchands d'art tels que Durand-Ruel et Ambroise Vollard ont exposé ten Cate dans leurs galeries aux côtés d'impressionnistes célèbres. C'est ainsi que Ten Cate se lia d'amitié avec Alfred Sisley, Camille Pissaro et Vincent van Gogh. Van Gogh décrivait Ten Cate comme « un homme très soigné, entièrement vêtu de noir ».
Ses peintures et pastels furent exposés au Salon d'Automne aux côtés de ceux de Jean-Baptiste Corot.
Ses sujets de prédilection étaient les paysages, les vues de villes et de ports, souvent peuplés de personnages. Le Havre était l'un de ses lieux de prédilection. Il a également réalisé quelques gravures et lithographies.
Il est mort dans une rue de Paris d'une crise soudaine de « congestion ». Plus tard, des rumeurs non fondées ont couru selon lesquelles il serait mort de faim ou aurait été abattu par un artiste rival. Pendant de nombreuses années, son œuvre a été négligée aux Pays-Bas. Une grande rétrospective a été organisée au Fries Scheepvaart Museum en 2012.
Injustement oublié pendant un certain temps, il a heureusement retrouvé les faveurs des amateurs d'art, qui lui accordent désormais la place qu'il mérite. Ses œuvres sont exposées dans différents musées : Amsterdam (Rijksmuseum), Paris (Musée Carnavalet, Musée d'Orsay, Fondation Custodia) et Genève (Petit Palais), Cleveland (Cleveland Museum of Art).