titre : Débit de tabac
signature en bas à droite ainsi qu'au dos " Balet"
Très belle composition naïve et colorée, dans un style solemnel et quelque peu géométrique , cher à l'artiste.
Provenance : collection particulière, Genève, Suisse
Né à Brême en 1913, descendant d'une famille valaisanne devenue hollandaise, il passe son enfance avec ses grands-parents au bord du lac de Constance à Langenargen. Son grand-père est directeur de prison. Après un apprentissage de peintre en bâtiment, il passe par les Beaux-Arts de Berlin et Munich. De cette période académique, il ne lui reste plus que deux tableaux, le reste a été détruit. Hitler arrive au pouvoir, Jan Balet doit incorporer les rangs de l'armée. Il a 25 ans. «J'ai pris conscience du futur de l'Allemagne. Pour moi le nazisme n'était pas une raison suffisante pour mourir. J'ai déserté.» Il s'installe à New York pendant vingt-sept ans, épouse une Américaine, devient père d'un enfant: «Je suis citoyen américain. Il travaille comme graphiste dans des magazines, côtoie Henry Miller et Tennessee Williams.
En 1965, c'est le retour à Munich avant un nouveau départ . Balet repart dans le nord de la France, s'installe en banlieue parisienne, se met à la lithographie. Ce qui, pour des questions d'imprimerie, l'emmène du côté de la Suisse. Il décide de s'installer sur les bords du lac de Neuchâtel et étend son art à la peinture.
Est-il un peintre naïf? «Je suis un naïf, uniquement avec les femmes de ma vie.» S'il préfère ne pas cataloguer ses tableaux, il les range toutefois au rayon «art primitif sophistiqué» parce qu'il est un «cas limite de la naïveté». Lorsque l'on parcourt ses trois ateliers, le plus grand consacré à la peinture acrylique, le plus petit aux esquisses et dessins, le troisième à la photographie et à la gravure, on s'aperçoit qu'il est difficile de réduire l'œuvre à la peinture naïve. Peut-être parce qu'il s'en dégage un humour trop corrosif. Ses tableaux parlent de la tragédie humaine, ils traitent du sentiment amoureux – «à cause du fiasco de mes mariages». Ils font référence à l'art, à la mythologie grecque, à la Bible que sa grand-mère lui lisait souvent, au début du siècle, son «époque préférée». Ses personnages aiment prendre le chemin du plein air, évitent l'étroitesse des bâtiments, s'installent dans des parcs. Stylisés, ils représentent des types sociaux, le plus souvent de petits bourgeois. Ses thèmes évoquent la flânerie, le voyage, le cheminement.
Peu connu en Suisse romande malgré une renommée internationale, le peintre s'installe définitivement en Suisse mais expose régulièrement dans de grands musées américains Une exposition retrospective au Musée d'art de Bulle lui est consacrée en 1998 . Il s'éteint à estavayer le Lac en 2009 laissant une oeuvre foisonnante dans les collections européennes , americaines et japonaises.