Il s’agit d’une composition de type panoramique, située dansle Salon carré, l’une des plus célèbres salles du Louvre dédiée aux arts. C’estcette pièce qui a d’ailleurs donné son nom à tous les Salons artistiques !La foule s’y presse pour admirer les sculptures présentées et les tableauxaccrochés aux murs les uns contre les autres, parfois à plusieurs mètres dehauteur.
C’est à l’initiative de Colbert que l’on doit le premierSalon en France en 1667. Les expositions organisées dans le Salon carré duLouvre présentaient des œuvres exécutées par des artistes vivants. Conscientsdu parti qu’ils pouvaient tirer d’une « politique culturelle » adroite, lesprinces se sont souvent fait représenter entourés d’artistes leur servant defaire-valoir. Charles X, dans cette représentation emblématique, reprend latradition de ses aïeux du trône de France.
Lors de sa visite au Salon de 1824, Charles X, qui vienttout juste d’accéder au trône suite à la mort de son frère Louis XVIII le 16septembre 1824, souligne l’importance qu’il entend donner aux beaux-arts. S’ilperpétue la tradition royale, Charles X prolonge également la politique deNapoléon en procédant comme lui à la distribution de médailles et dedécorations.C’est en ce jour du 15 janvier 1825, après avoir lui-même été décoré de laLégion d’honneur, que François-Joseph Heim reçoit la commande de ce tableau quidevait immortaliser la cérémonie.
Au centre du groupe des personnalités, le roi Charles X remetle cordon de Saint-Michel à un homme qui s’incline, c’est le sculpteur PierreCartellier (1757-1831). Les artistes du « grand genre » (peinture d’histoire etstatuaire) pouvaient être récompensés par le cordon de Saint-Michel, marque dereconnaissance la plus haute, abolie en 1789 puis rétablie par Louis XVIII en1816.
Sur la gauche, la statue de Charles X par Jean-Pierre Cortot domine l’assembléecomposée d’une centaine d’artistes, dont parmi eux Ingres, Isabey père et fils,Horace Vernet, Gros, Gérard, Bosio, Boilly, Ducis, Drolling, ElisabethVigée-Lebrun ainsi que les compositeurs Boëldieu, Rossini, Cherubini… Onremarque que les uns et les autres ne portent pas la même attention à la remisedes récompenses et se tournent, comme pour vérifier qui est présent…
Il se dégage une belle lumière et une jolie profondeur dechamps de ce tableau aux couleurs chaudes contrastant avec les habits de galasombres de la foule qui y est représentée. La toile ne présente pas designature et n’est pas encadrée.
L'oeuvre originale est exposée au musée du Louvre.