Paul-Emile VICTOR (1907 - 1995), explorateur, ethnologue français
Manuscrit autographe signé. 1975 ; 3 pages in-4° ; sur papier quadrillé.
Le grand explorateur retrace dans ce passionnant manuscrit, 28 années d’activités polaires française en Arctique et Antarctique. Bilan des activités des Expéditions Polaires Françaises (EPF) qu’il a créées en 1947. Il résume les activités de la base Dumont d’Urville en Terre Adélie et insiste sur la participation française à l’Expédition Glaciologique Internationale Antarctique entre la base et la station soviétique Vostok.
« Nous sommes en 1975. Les Expéditions Polaires Françaises (…) que j’ai créées en 1947 ont 8 années d’existence. 28 années d’activités polaires intenses, multiples, ininterrompues, tant dans l’Arctique près du Pôle Nord, que dans l’Antarctique, près du Pôle Sud. Au cours de ces vingt huit années, 42 expéditions ont été mises sur pied et menées à bien, plus particulièrement sur le désert de glace du Groenland et en Terre Adélie, terre française de l’Antarctique. Environ 2000 scientifiques et techniciens (glaciologues, physiciens, biologistes, ingénieurs, radiotélégraphistes, spécialistes polaires, électromécaniciens, menuisiers et bien d’autres, beaucoup d’autres encore…) y ont participé. Plus de 350.000 km ont été parcourus en véhicules à chenilles. Les supports aériens par avions et par hélicoptères ont demandé jusqu’à cette date environ 5500 heures de vol. 40 affrêtements de navires ont été effectués (25 pour la Terre Adélie et 15 pour le Groenland) pour transporter plus de 17.000 tonnes de ravitaillement, de matériel et d’équipement de toutes sortes. Les observations ont donné lieu jusqu’ici à plus de 335 volumes et publications officielles « Expéditions Polaires Françaises » auxquels il faut ajouter de nombreux articles scientifiques, techniques, d’information et de vulgarisation. En 1975 les activités en cours sont multiples. La base Dumont d’Urville en Terre Adélie est devenue une des bases les plus importantes des trente bases des douze pays qui coopèrent à l’exploration scientifique de l’Antarctique. Elle fonctionne sans interruption. Elle comporte quatre grands bâtiments laboratoires ; un bâtiment-séjour de 18m sur 18 abritant un restaurant par petites tables, une magnifique bibliothèque, une discothèque, des jeux, etc. Une quarantaine d’hommes hivernent dans la base et les campagnes d’été (mi décembre à fin février) comptent jusqu’à une centaine d’hommes. Dans l’Antarctique toujours, la participation française à l’Expédition Glaciologique Internationale Antarctique (IAGP) assurée par les EPF comporte un lourd programme de glaciologie le long d’un axe de 2000 km sur le plateau antarctique entre la Base Dumont d’Urville et la station soviétique Vostok dans des conditions qui sont les plus dures qui soient (températures qui varient entre -35° et -50° ; surfaces chaotiques, tempêtes de neige et blizzards presque permanents, etc…). A cette expédition collaborent, avec la France, les USA, l’URSS et l’Australie. Dans le cadre des Expéditions Antarctiques Soviétiques, les glaciologues des EPF travaillent la main dans la main avec leurs collègues russes sur le long d’un trajet reliant Vostok sur le plateau antarctique et la base côtière soviétique Mirny. Au Groenland, l’Expédition Glaciologique Internationale au Groenland (EGIG) qui devrait s’appeler expédition européenne, (France, Allemagne, Suisse, Autriche, Danemark) a commencé ses activités en 1958, les EPF étant maitres d’œuvre. Elle continue à intervalles réguliers par des raids le long de l’axe ouest-est sur la calotte glaciaire, axe matérialisé par des balises de 20m de haut, implantées tous les 50km et des balises intermédiaires moins importantes. Grâce aux Expéditions Polaires Françaises (et ce n’est pas moi qui parle…) la France a pris une place de collaboration pacifique internationale d’exploration scientifique et systématique des Pôles… »