Paire de pistolets d'Officier à canons dégagés par Nicolas Noël Boutet, Directeur Artiste de la Manufacture de Versailles.
Canons à pans, octogonaux, légèrement tromblonnsé à la bouche à très fines rayures cheveux. Il sont bleuis et décorés au tonnerre de larges foudres dorés. Filet doré à la bouche. Ils sont gravés sur les deux pans latéraux supérieurs des mentions "Manuf Royale" sur l'un et "à Versailles" sur l'autre. Au tonnerre sont frappés six poinçons réunissant ceux de Boutet et ceux de Liège. Versailles faisait fabriquer les canons rayés de ses armes de luxe et de ses carabines à Liège, seule équipée, alors, des machines nécessaires à la mise en rayure des canons. Ce canon est fixé par clavette à la monture.
Les platines à corps plat sont d'acier poli et jaspé. Elles sont gravées "Boutet à Versailles". Les queues de platine sont décorées de frises. Les chiens à col de cygne sont décorés au trait. Les vis sont guillochées. La batterie est à retroussis et le bassinet à pare-étincelles. L'intérieur des platines est dans un état parfait et témoigne de tout l'art des ouvriers de Versailles. La queue de détente est réglable.
La monture à fût court est de noyer choisi. La crosse est très finement quadrillée. La forme très pentue de la crosse est l'une des caractéristiques des productions de Versailles. La calotte est constituée d'une plaque octogonale d'acier jaspé, qui s'appuie sur une frise festonnée en ébène. Toutes les garnitures sont en acier jaspé.
Cette paire est numérotée 209. Elle est en très bon état dans une belle dorure. Elle est dans sa physionomie identique aux productions de l'Empire, laissant penser qu'elle a été manufacturée au tout début de la Restauration.
Nicolas Noël BOUTET (1761-1833) :arquebusier du Roy, puis Directeur de la Manufacture de Versailles, de l'An II à 1818. Il produisait des armes blanches et à feu, surtout celles de récompense, d'honneur et de grand luxe. Il acquit une immense renommée internationale pour la qualité d'exécution et l'originalité de sa production. Il ouvrit à Paris un dépôt de la Manufacture, au 1236 rue de la Loi (rue de Richelieu) en l'an XI, puis au 87 rue de Richelieu en 1807. Il essuya de graves revers financiers à la Restauration, et il se retrouva arquebusier privé, au 23 rue des Filles Saint-Thomas, de 1823 à 1831. Il eut un fils, Pierre Nicolas (1786-1816), qui fut brièvement associé à son activité ; c'est pourquoi des armes de l'entreprise Boutet portent la signature BOUTET & FILS.