Portrait de Louis de Crevant, duc d'Humières
vers 1888, huile sur toile marouflée sur panneau.
73,5 x 58 cm
L'œuvre est accompagnée d'une note critique du professeur Francesco Petrucci.
À titre de comparaison : J. F. Voet, Portrait de Louis de Crevant. Château d'Azay-le-Ferron
Le portrait représente un gentilhomme austère, encadré de profil à droite, vêtu d'une armure et d'une cuirasse, d'un nœud papillon rouge éclatant à multiples nœuds et d'une perruque brune, conformément à la mode d'influence française des années 1680.
Caractéristique du portrait militaire aristocratique de l'époque, emprunté aux images officielles de Louis XIV, le contraste entre le ton sévère conféré par la présence de l'armure et le ton appliqué des accessoires exprime force, puissance et élégance. Il s'agit d'un officier ou général français de haut rang, dont la dignité supérieure est attestée par la présence, au centre de la cuirasse, d'une intaille portant la croix de l'Ordre du Santi-Esprit, plus connu sous le nom d'Ordre du Cordon Bleau, c'est-à-dire la croix fourchue ornée de la fleur de lys française aux angles intérieurs et de la colombe du Saint-Esprit au centre. Une distinction très exclusive décernée par le roi de France en personne. Du point de vue de la production, le portrait s'inspire du style du portraitiste flamand Jacob Ferdinand Voet, l'un des plus grands spécialistes du portrait de cour du Grand Siècle, à qui il peut être attribué avec une certitude absolue.
La définition précise du tableau, comparée au pictorialisme plus extrême de la période italienne, permet de le dater de la période française tardive de l'artiste, vers 1687-1689, conformément aux vêtements et à l'identité du modèle, que nous cherchons à établir ici, comme nous le verrons. Typiques de Voet, le traitement lisse des tons chair, évident sur le visage, et une exécution plus libre, picturale et décontractée, avec des coups de pinceau fluides et rapides sur une préparation appliquée en glacis, présents sur l'armure et les accessoires. Les rehauts d'or sur le bord rouge des plastrons et le métal de l'armure elle-même sont d'une touche pure. La perruque est définie par un coup de pinceau doux et aérien, avec une peinture légère et nuancée. Une comparaison avec le portrait de Louis de Crevant, duc d'Humières, conservé au château d'Azay-le-Féron (huile sur toile, ovale, 64 x 48 cm, inv. AF 10) et avec la version de trois-quarts du portrait, située dans un paysage avec une bataille en arrière-plan, conservée au musée Bonnat de Bayonne, révèle des similitudes physionomiques notables.
On connaît également diverses gravures réalisées d'après le portrait de Voet (Jacques Lubin, Nicolas de Larmessin, etc.), témoignant de l'importance du haut fonctionnaire et dignitaire à la cour de Louis XIV.
Le portrait en question semble reproduire une autre pose du célèbre général français, posée quelques années après la première séance, datée de 1685.
Cela ressort clairement des détails du visage : le nez retroussé, l'expression sévère au regard profond, le menton fendu, les lèvres charnues et les joues marquées par des rides de caractère. Dans ce cas, le duc apparaît légèrement corpulent et potelé, avec un visage plus ovale.