Huile sur toile, signée en bas à droite
60 × 84,5 cm
Salon de Lyon 1867 n° 112 Le Bûcheron
"En voyant à quelques pas la remarquable toile de M. Blanc-Fontaine, avant d’en avoir saisi les détails, il me venait au souvenir ce fragment des inimitables chants de mélancolie que Lamennais, ce grand poète, a intitulés : Une voix de prison." Il avait allumé près du talus, au coin du bois, un feu de bruyères et, assis sur la mousse, le pauvre enfant, il réchauffait ses mains à la flamme pétillante."
Mais, non. Je me rapproche, ce n’est pas tout-à-fait cela. C’est la scène, non l’acteur. Voilà bien le lieu désert, le bois, le talus, le feu, sinon de mousse, du moins de branchages : mais que ce lieu désert est loin d’inspirer la tristesse ! qu’il y a de charme entraînant dans ce délicieux paysage d’automne qui s’étend au loin, dans ces bois taillés à la feuille jaunie qui montent en phalanges serrées sur les hauteurs ! Quelle savante harmonie de couleurs, quelle quiétude qu’on peut toujours signaler aussi saillante dans les œuvres mêmes les plus remplies de cet artiste habile ! Je n’ai pas encore parlé des personnages, du personnage devrais-je dire, car il n’y en a qu’un. C’est un pauvre bûcheron qui s’abrite sous la voûte imposante d’une grotte qui forme le premier plan du tableau. Il fait cuire les aliments qui doivent former son maigre repas. Sa hache est là contre les parois du rocher qui attestent un rude labeur accompli ou à accomplir. Si ce n’était la captivante perspective des derniers plans qui attire et qui charme, on pourrait, à la vue de cette pauvreté, de cet isolement, des conditions de ce pénible et dur travail, songer à ce terrible portrait, presque dantesque, du pauvre bûcheron tout couvert de ramée de Lafontaine. Si telle est la pensée de M. Blanc-Fontaine, ce que nous ne pouvons supposer, il aurait point, suivant nos impressions, atteint son but; car, en face de ce calme, rêveur et riant paysage d’automne, je me suis mis à envier le sort de son bûcheron." A.B. Le Dauphiné. Novembre 1866