ADRIEN LOUIS MARIE JOURDEUIL (Saint-Pétersbourg, 1849 – Chambéry, 1907)
La Rue aux Roys, à Pont-de-l’Arche (Normandie)
Huile sur toile d’origine, signée en bas à gauche
Dimensions toile : 196 x 131 cm
Exposée au Salon de 1886, sous le n°1279
Cette peinture monumentale signée par Adrien Jourdeuil incarne avec virtuosité le regard naturaliste et sensible d’un peintre-architecte sur le patrimoine vernaculaire normand. Représentant la Rue aux Roys à Pont-de-l’Arche, bourg médiéval de l’Eure, l’artiste livre une scène urbaine d’un réalisme saisissant, teintée de poésie documentaire.
La rue pavée serpente entre de hautes maisons à colombages en encorbellement, fenêtres anciennes, toits en tuile inégaux, lanternes, seaux d’eau, pierres disjointes. La lumière douce du matin ou de l’après-midi baigne la scène et révèle chaque détail architectural avec une précision héritée de sa formation initiale d’architecte. Au sol, les pavés humides brillent par endroits, rendant palpable l’humidité de l’air normand.
Au premier plan, plusieurs femmes assises filent ou cousent, représentantes de l’industrie locale du chausson, très active à Pont-de-l’Arche dans la seconde moitié du XIXe siècle. Leurs postures et expressions, bien que discrètes, traduisent concentration, fatigue ou résignation. De petits éléments de vie donnent une chaleur humaine à la composition : une branche de mai suspendue au-dessus d’une porte, un édredon aux fenêtres, poules picorant le long du caniveau, fleurs suspendues à un balcon.
À propos de l’artisteAdrien Jourdeuil débuta à Paris en 1877 avec un projet de salon pour la grande duchesse Hélène de Russie. Il exposa régulièrement au Salon des artistes français, obtenant :
Médaille de 3e classe en 1888
Médaille de 2e classe en 1894
Médaille de bronze à l’Exposition universelle de 1900
Ses œuvres sont conservées dans les musées de Dieppe, Louviers, Chambéry, et Béziers. Peintre très attaché au réalisme social et architectural, il incarne une veine du naturalisme régionaliste du dernier quart du XIXe siècle.
Contexte littéraire et historique:Cette toile dialogue étroitement avec le roman Le Journal d’une femme de chambre (1891) d’Octave Mirbeau, qui s’inspire de Pont-de-l’Arche pour décrire une bourgade miséreuse où échoue son héroïne. Mais alors que Mirbeau offre un tableau sombre et critique, Jourdeuil en donne une vision documentaire mais chaleureuse, empreinte d’un respect silencieux pour les lieux et ses habitants.
État de conservation et restauration:Toile d’origine sur châssis en croix à clés, structure saine
Signature lisible en bas à gauche
Petites restaurations anciennes visibles en bordure (haut gauche et coin supérieur droit), notamment au niveau du ciel : légers repeints et retouches ponctuelles
Petites usures et frottements au bord du cadre, sans atteinte à la composition principale
Aucun rentoilage, bon état général pour une œuvre de ce format et de cette époque
Collection privée française
Exposée au Salon de Paris en 1886 (n°1279)
Estimation :
Cette estimation repose sur la qualité de conservation, le format exceptionnel, la présentation au Salon de 1886, ainsi que l’intérêt croissant du marché pour les scènes de vie régionale et le patrimoine architectural populaire du XIXe siècle.
Vendu avec son certificat d'authenticité