Nature morte de chasse dans un paysage
Huile sur panneau, 34,6 x 51,9 cm (13,6 x 20,4 pouces) ; Présenté dans un cadre sculpté et doré, reproduction d'un modèle d'époque.
Signé « A Gryef f » (en bas à gauche)
Provenance
Collection privée, Suisse
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Adriaen de Grijef fut baptisé à Leyde le 6 décembre 1657. Il était le fils du peintre Jacobus de Claeuw, dit De Gryef (1623-1694), et de Maria van Goyen, fille du paysagiste Jan van Goyen (1596-1656).1 Adriaen reçut l'enseignement de son père, dont l'influence est clairement perceptible dans ses premières œuvres, datant de 1677. De Grijef était à Gand en 1687, où il fut admis comme maître de la guilde de Saint-Luc, et se maria à Anvers en 1689 avec Anna Francisca Marcus. Il installa son atelier à Anvers et s'installa à Bruxelles en 1690. À la fin du XVIIe siècle, il séjourna quelques années dans sa ville natale, puis retourna à Bruxelles en 1700, où il vécut jusqu'à la fin de sa vie.
De Grijef était très productif et se spécialisait dans les scènes animalières et de chasse, souvent situées dans des paysages méditerranéens. Ces œuvres étaient collectionnées avec enthousiasme par les mécènes aristocratiques, car eux seuls étaient autorisés à tirer et à chasser – ces droits anciens étant souvent liés à la propriété foncière. Les collectionneurs royaux et nobles étaient souvent passionnés par ces « sports » champêtres et aimaient décorer leurs maisons de ville et de campagne de scènes de chasse. Dans cette œuvre, De Grijef a représenté avec réalisme un lièvre mort, l'un des plus beaux trophées du chasseur, et la vitesse et l'agilité de cet animal le rendaient particulièrement difficile à capturer. Même des siècles après sa mort, les tableaux de De Grijef étaient collectionnés dans cette haute sphère. On les retrouve encore aujourd'hui dans de nombreuses collections prestigieuses, telles que le château de Schleissheim (Bayerische Staatsgemäldesammlungen), le Kunstmuseum de Bâle, le Musée des Beaux-Arts de Marseille et les Musées royaux de Bruxelles. Notre tableau peut par exemple être comparé à la Scène de chasse de De Grijef, conservée à la Hunterian Art Gallery de Glasgow, en Écosse (fig.)2. D'autres beaux exemples figurent dans les collections muséales, notamment les œuvres de Grijef conservées au Fitzwilliam Museum de Cambridge et à l'Ashmolean Museum d'Oxford.
Ce panneau, particulièrement remarquable, est en excellent état de conservation, grâce à la finesse du coup de pinceau de l'artiste. Le lièvre est magnifiquement observé, tout comme les oiseaux qui l'entourent : une bécasse, un geai des Flandres, un martin-pêcheur et une sarcelle, tandis qu'un faisan est suspendu derrière lui. Le chasseur lui-même occupe une place secondaire à l'arrière-plan du tableau, soufflant dans son cor, attirant l'attention de ses compagnons de chasse. L’exécution méticuleuse et la finesse du pinceau illustrent la formation artistique de De Grijef à Leiden, qui était le centre de la peinture fine aux Pays-Bas.
1. Pour l'artiste, voir : B.J.A. Renckens, « Jacques de Claeuw en Adriaen de Gryeff, vader en zoon », Kunsthistorische mededelingen van het RKD 4 (1949), p. 7-13.
2. Huile sur toile, 35 x 51 cm ; Images RKD n° 20402.