Montée au calvaire
Huile sur toile collée sur planche, cm 50 x 39,5
Avec cadre, cm 61 x 51
Fiche critique de la Prof. Simonetta Coppa
Représenté est le Christ couronné d’épines, en manteau bleu et robe rouge-rosé, à l’acte de porter sur ses épaules la croix; devant lui, au premier plan, un bourreau en robe jaune brune et manteau bleu agrippe un maillet de fer et montre sa langue au Christ en geste de moquerie, Tandis que dans l’arrière-plan on aperçoit à gauche un soldat avec le casque sur la tête, à droite se détache un profil de femme, avec un manteau bleu et un chapeau blanc (la Vierge ou la Veronica).
Né à Chiasso en 1712, Valdani s’est formé à l’école du peintre varesino Pietro Antonio Magatti (1691-1767), éminent représentant du Baroque lombard. Magatti, dont la production se caractérisait par la capacité de décorer avec maestria chapelles et ossuaires, a profondément influencé le jeune Valdani, en lui transmettant non seulement les techniques picturales mais aussi une certaine approche thématique. L’activité de Magatti, qui s’est étendue à Gravedona, à la Valtellina et à Cepina di Valdisotto, atteste son importance dans le panorama artistique de l’époque et son rôle précurseur dans la décoration d’espaces votifs liés au thème de la mort et du passage. Il semble que, déjà depuis des années précoces, le Valdani s’était affirmé dans le domaine des représentations mélancoliques : en 1739, il a pu succéder à Pietro Ligari dans la commission des peintures de l’ossuaire de Cepina.
Malgré sa notoriété et l’appréciation de ses contemporains, dont témoigne même l’évêque de Coire qui lui a conféré la croix de chevalier, une partie de la production de Valdani, elle est aujourd’hui perdue. Parmi celles-ci figurent la décoration de l’église de Sainte-Anne à Chiasso et le gonfalon pour la confrérie de Balerna de 1763.Cependant, d’autres témoignages de sa prolificité et de son rayon géographique subsistent. Dans les régions de Mendrisio, par exemple, on conserve quelques peintures murales dans l’église de Colderio, parmi lesquelles se distingue la Gloire de saint Georges sur la voûte du presbytère, une œuvre qui met en évidence sa maîtrise dans la décoration des grandes surfaces. Des fresques de Valdani se trouvent aussi à Chiavenna et à Piuro, et même à Pavie, à la preuve d’une clientèle qui traversait les frontières du canton du Tessin et de la Brianza comasca. Un exemple significatif de son activité est le travail effectué en 1762 dans l’église de Cavallasca, où Valdani réalisa les fresques de l’Annonciation, du Père Éternel et de Saint Raphaël sur la voûte.
Notre toile semble résumer une partie de sa poétique picturale : une scène d’un grand pathos et dramatique, caractérisée par la déformation exagérée des visages, presque grotesques. L’accent dramatique de la narration est souligné par une gamme chromatique sombre et des expressions faciales exacerbées, un style qui fait également référence aux œuvres du maître Magatti, comme le San Carlo Borromeo du Musée Poldi Pezzoli. Le visage de la femme représentée de profil est également inspiré par les œuvres de son maître, comme on peut le voir en le comparant à la Madone de la Pinacothèque Ambrosiana.