Verlaine, la muse absinthe, Circa 1895
Aquarelle
18 x 11 cm
44 x 40 cm avec son cadre
Monogrammé en bas à droite
Alexandre Graverol, formé à Lyon et à Paris (chez Puvis de Chavannes), se distingue dès ses débuts par un style en rupture avec le naturalisme. Proche des milieux symbolistes, il tisse des liens avec Verlaine, qu’il fréquente et représente durant la fin de vie du poète à l’hôpital Broussais, en 1895.
Issu d’un milieu aisé, Graverol cultive son image de dandy et d’esthète, fréquentant les cercles artistiques parisiens (le Chat Noir, les soirées de La Plume). Sa vie tumultueuse le conduit finalement à Bruxelles, où il s’isole et ne crée plus que pour un cercle restreint.
L’aquarelle consacrée à Verlaine, datée des années 1890, est un hommage vibrant et symbolique. Le visage du poète, auréolé d’étoiles, domine la composition : il est associé à l’absinthe, la « fée verte » qu’il aimait tant. Graverol en fait une figure féminine nue, à la chevelure verte, fusionnant avec la lyre fauve de Verlaine, dont les cordes jaillissent de ses seins pour rejoindre un verre de spiritueux, référence directe au poème sur l’absinthe publié en 1870 dans La Bonne chanson. Le liquide vert devient l’icône de l’ivresse poétique et tragique de Verlaine, piégé par sa propre muse.