Portrait d’un militaire 1660

Huile sur toile
Dim avec cadre 92/69 cm
Dim sans cadre 62/85 cm

Il est tout à fait possible que ce portrait ait été réalisé par un peintre itinérant,spécialiste du portrait d’apparat militaire,comme il en existait de nombreux au XVIIe siècle, souvent formés dans lesFlandres ou aux Provinces-Unies, et travaillant à la commande pour desofficiers de garnison.
Le tableau pourrait être attribué à unpeintre germanique ou flamand actif dans l’espace rhénan vers 1660,appartenant à l’école du Saint-Empire, avecdes influences flamandes.

Imposant et rare portrait d’un officier supérieur en armure, identifié parune inscription d’époque comme Bernard Schuilque, major au Vieux Brisach,quartier-maître général, commandant et major du régiment de cavalerie de Wurtembergau service du roi.

Ce tableau saisissant incarne toute la solennitéet la fierté militaire du XVIIe siècle. L’homme, vêtu d’une superbe armure àlarges gorgerins et parements dorés, pose devant un ciel animé de nuées, tenantd’une main gantée le pommeau de son épée, avec à ses côtés un casque garni deplumes blanches. L’expression digne, le regard affirmé, tout dans cette œuvrecélèbre le prestige d’un homme de guerre au service des grandes puissances deson temps.

Ce portrait daté de 1660 représente BernardSchuilque, identifié comme quartier-maître général, commandant et major durégiment de cavalerie de Wurtemberg au service du roi, en poste auVieux-Brisach, sur la rive droite du Rhin.

Nous sommes alors à la fin de la décennie quisuit la guerre de Trente Ans (1618–1648), un conflit européen majeur quiredessine les équilibres politiques et territoriaux du continent. La France,sortie renforcée de ce conflit, a accru son influence dans les régionsfrontalières du Saint-Empire romain germanique, notamment le long du Rhin, enAlsace et jusqu’à Vieux-Brisach, qu’elle contrôle militairement depuis 1638.

Dans ce contexte, les armées royales intègrentde nombreux officiers étrangers, notamment flamands, wallons, suisses,allemands ou néerlandais, souvent recrutés dans des régiments étrangers auservice du roi. Bernard Schuilque, dont le nom a une consonance néerlandaise ouflamande, semble appartenir à cette élite militaire transnationale, au servicede la monarchie française. Il commande ici un régiment de cavalerie deWurtemberg, probablement une unité allemande levée par alliance ou contrat,courante dans les armées du XVIIe siècle.

Le Vieux-Brisach (Alt-Breisach), place fortestratégique sur le Rhin, est alors un verrou militaire essentiel dans lapolitique française de défense et de pénétration vers les territoiresgermaniques. Les officiers qui y sont affectés — comme Schuilque — tiennent despostes-clés, tant pour l’administration que pour la défense militaire.

Le portrait témoigne donc à la fois du prestigeindividuel de cet officier, de son intégration dans l’appareil militairefrançais, et de la géopolitique fluide de l’après-guerre de Trente Ans, oùloyautés, services et identités se jouent souvent par-delà les frontièresnationales.