Hommage à Pierre Soulages
Huile sur toile 89 X 130 cm
Anonyme
« L’outre-noir de Soulages est bien la pure affirmation picturale de ce dont la peinture est capable », écrit Alain Badiou dans son essai Le Noir. Éclats d’une non-couleur(Edition Autrement, 2016). Décortiquant la dialectique du noir comme « non-couleur de la peinture », « support d’une autre lumière que la lumière », le philosophe voit dans l’œuvre du peintre un exercice métaphysique, consistant à faire surgir le multiple de l’unité, et un enseignement philosophique. Car « au fond, le noir, solitaire et compact, de tout tableau de Soulages indique qu’il pourrait continuer, que la limitation du tableau, et même son immensité, n’est qu’un moment de sa propre illimitation. C’est en quoi le noir est le support de l’outre-noir. Le Sujet-peintre et le Sujet-spectateur partagent l’inachèvement dont seul le noir peut témoigner. Ni l’un ne peut dire que l’action d’où provient l’œuvre est à coup sûr achevée, ni l’autre qu’il en a fini avec ce que son regard peut découvrir. Comme dans les proses de Beckett, inventeur pourrait-on dire de l’outre-noir d’écriture, l’éthique de l’artiste ne connaît qu’un seul impératif : continuer. Aller chercher, outre le noir, l’outre-noir du noir, et ainsi de suite. »