(* 23 juin 1675 à Sceaux ; † 11 avril 1760 à Paris)
Suzanne et les deux vieillards
Huile sur toile
63 x 80 cm ou 83 x 100 cm
Expertise
François Marandet Londres
Louis était le plus jeune fils du peintre Israël Silvestre. Il a d'abord suivi les cours de son père. Plus tard, Silvestre étudia à l'Académie royale de peinture et de sculpture avec Charles Lebrun et Bon Boullogne.
En 1712, de Silvestre devint recteur adjoint de l'Académie Royale à Paris. En 1716, il se rendit à Dresde sur invitation du prince électeur et roi Auguste le Fort, où il travailla pendant plus de trente ans comme peintre de cour. Il fut nommé peintre en chef de la cour et anobli. Outre une pléthore de portraits, il réalisa des peintures de plafond au palais de Brühl, au palais japonais et au salon des mathématiques et de la physique du Zwinger. En 1727, il devint directeur de l'Académie de peinture de Dresde. Il fut peintre de la cour de Dresde de 1716 à 1748. Après son retour à Paris, de Silvestre devint recteur de l'Académie Royale en 1752.
N° inv. 2.864
9.500 €
Expertise François Marandet :
Le peintre d'histoire français Louis de Silvestre (1675-1760) est connu pour avoir mené une brillante carrière dans la première moitié du XVIIIe siècle. Il est admis à l'Académie royale de peinture et de sculpture en 1702 (L'origine de l'homme par Prométhée, musée Fabre, Montpellier) et est nommé professeur peu après, en 1706. A la même époque, il attire l'attention des princes allemands avec certaines de ses œuvres. Une peinture mythologique (Vénus et Adonis, aujourd'hui dans une collection privée en Suisse) a été gravée en 1708 avec une dédicace à Maximilien-Emmanuel, duc de Bavière. Quelques années plus tard, en 1716, Silvestre s'installa à Dresde, où il devint le peintre du roi de Pologne Auguste II. Il travailla pour le successeur de ce dernier, Auguste III, jusqu'en 1748, année où il revint à Paris. La carrière de Louis de Silvestre fut alors couronnée par le poste de directeur de l'Académie royale, qu'il obtint en 1752. L'héritage constitué après sa mort en 1760 montre qu'il était devenu l'un des artistes les plus riches de son temps.
Pendant son séjour à Dresde, Silvestre fut invité à peindre de nombreux portraits de cour et à décorer les palais locaux : les plafonds du Zwinger, du Palais royal et du Palais japonais. Parallèlement à ces commandes royales, Silvestre réalisait toujours, tout comme à Paris, des tableaux de chevalet pour des collectionneurs. Notre tableau (ill. 1) semble être un exemple typique de ce type, qui aurait été réalisé peu après l'arrivée du peintre à Dresde. Outre le sens de la forme typique de Silvestre (le corps de Susanna est légèrement géométrique), la meilleure façon de classer notre tableau est de constater l'existence d'une autre version, proposée autrefois sur le marché de l'art (ill. 2). Elle formait un couple avec un autre thème, également tiré de l'Ancien Testament, associé au mal : Lot et ses filles (fig. 3).
Fig. 1 Fig. 2 Fig. 3
Comme d'habitude chez Louis de Silvestre, le succès de ses compositions était tel qu'il les répétait abondamment (peut-être avec l'aide de ses élèves, bien que cette question soit totalement inconnue). Un tableau de l'artiste représentant Rinaldo et Armida nous est par exemple connu en plusieurs versions (dont une à la Gemäldegalerie Alte Meister de Dresde). Plus frappant encore est le nombre d'exemplaires (cinq) d'une composition représentant Persée donnant naissance à Andromède (l'un d'eux est conservé au musée des Beaux-Arts de Saint-Pétersbourg, aux États-Unis).
Paradoxalement, Louis de Silvestre a eu une grande importance en France et en Saxe, mais ses œuvres sont trop souvent méconnues et confondues avec celles de ses contemporains, notamment Antoine Coypel (1661-1722). La monographie de Harald Marx sur Louis Silvestre (1975) a besoin d'une mise à jour complète. Avec les recherches récentes à son sujet (voir P. Marandet, « Louis de Silvestre le Jeune (1675-1760) comme dessinateur », Master Drawings, 2018, n° 4, p. 517-533) et notre tableau récemment découvert, on peut espérer que l'importance de Louis de Silvestre sera pleinement reconnue.
François Marandet,
Londres, 22 novembre 2024.