Ecole du XVIIe siècle, suiveur de Callot – Teste di porco, « les Bouchers ambulants »

École du XVIIe siècle, suiveur de Jacques Callot
Scène de marché en Italie, les bouchers ambulants
144 x 140 mm
plume et encre brune, lavis d'encre de chine
traits d'encadrement à la plume et encre brune
annotation à la plume, en haut à droite, "Teste di por(...)" - certainement "Teste di porco"
annoté au verso, au crayon, "2" et "R212"
filigrane partiel : foolscap - Zabern 1602

Encadré avec soin, sous verre
Dimensions avec le cadre : 32 x 29 cm

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Un dessin qui concentre en lui ce qui fait le caractère exceptionnel de l'esprit du XVIIe siècle, ce moment de l'histoire de l'art où les artistes de différents pays, différentes écoles voyagent jusqu'en Italie, échangent, s'inspirent les uns des autres et, surtout, n'ont pas peur d'aborder des sujets sauvages, déstabilisants.

Ici, la figure centrale de la composition, ce boucher ambulant avec son regard trouble, son couteau toujours à portée de main et surtout la tête de cochon tranchée qu'il transporte en équilibre sur sa tête, fait hésiter l'interprétation entre une scène du quotidien et une scène de carnaval, tant tout semble exagéré, exacerbé.

Si l'on pense à Jacques Callot comme inspiration pour cette composition, c'est pour la façon de mettre en majesté des hommes du peuple, épuisés, ahuris, dont l'élégance ressort par leurs habits, pourtant rustiques, et leur mise en valeur par le dessin de l'artiste. Il y a aussi quelque chose de similaire dans le rapport proportionnel des figures avec le paysage à l'arrière-plan (voir comparatifs). Dans l'entourage et le sillage de Jacques Callot, en Italie, au XVIIe siècle, nous pouvons penser notamment à François Collignon et à Steffano della Bella. Ce dernier n'avait aucune crainte à dessiner des têtes coupées, des regards hallucinés, des personnages fascinants en des dessins profondément imprévisibles.

Comme c'est souvent le cas avec un dessin ancien, la matérialité même du papier peut aider à mettre en lumière certains éléments complémentaire de la recherche sur une œuvre. Ici, en l'absence d'une signature ou d'une marque de collection, c'est l'étude du filigrane qui nous permet de nous approcher d'une datation de la feuille. Cette tête de fou portant un bonnet chargé de quatre grelots est similaire à celle que l'on retrouve dans le répertoire des filigranes sous le numéro 134 : notre feuille de papier est donc à dater de 1602 et émane d'une fabrique située à Saverne, proche de la frontière entre la France et l'Allemagne.

Évidemment, le papier pouvait être acheté par correspondance, le papier pouvait être stocké pendant quelques années avant d'être utilisé par un artiste, mais une datation de notre dessin dans la première moitié du XVIIe siècle est la proposition la plus probable. Nous pouvons également apprécier la proximité entre le sujet même du dessin, ce personnage central, sauvage et perturbant, et la figure du fou qui correspond au filigrane du papier.

Ce dessin émane certainement de l'école italienne et correspond, selon nous, plus précisément à l'école romaine. Il y a ici à la fois l'excentricité et l'ouverture d'esprit de l'école romaine. A partir de cela, nous pouvons penser à un artiste italien qui aurait regardé et apprécié les œuvres des artistes français et hollandais qui étaient nombreux à Rome au XVIIe siècle.

Prolongeant cette idée de l'école romaine, nous pouvons chercher à Rome une architecture éventuellement semblable à cet aqueduc ou viaduc frôlant avec la ruine. Dans le quartier du Testaccio, une architecture semblable est visible : au pied de celle-ci s'organisait chaque jour un grand marché au XVIIe siècle et, au XIXe siècle, ce même lieu dans la périphérie de Rome a accueilli les abattoirs de la ville : il mattoio di Testaccio.

Ce dessin est toujours en cours de recherche, toute proposition pour une éventuelle interprétation ou attribution sera la bienvenue.