Ce netsuke masque en terre cuite, de type Onko-yaki, provient de la préfecture de Gifu, l’un des foyers historiques de cette production céramique raffinée. Il représente Isofuki, personnage comique du théâtre Kyōgen, saisi ici dans une expression burlesque et grinçante. Haut de 5 cm, il date de l’époque Meiji.
Petit Éclat sur le bord supérieur droit. Un sujet rare!
Le modelé est tendu, expressif : les pommettes gonflées, la bouche pincée, les yeux étroits et le nez proéminent traduisent un visage outré, peut-être dans un râle ou un souffle, typique des rôles d’ivrognes, de pêcheurs effrontés ou de personnages marginaux que le théâtre populaire affectionne. Isofuki incarne l’excès comique dans ses formes les plus libres, avec une énergie concentrée dans la tension des traits.
Isofuki est un personnage du répertoire de Kyōgen, théâtre comique joué en interlude des pièces de Nō. Son nom peut être traduit par « celui qui souffle sur les rochers » ou « souffle marin », et il incarne un personnage grotesque, souvent un paysan ivre, un pêcheur fanfaron ou un marginal espiègle, selon les interprétations. L’accent est mis sur l’exagération des traits, les expressions burlesques, les mimiques outrées — autant d’éléments que l’on retrouve condensés ici, dans ce masque miniature au modelé savamment déséquilibré.
L’Onko-yaki se distingue par sa terre riche en oxyde de fer, cuite à basse température, non émaillée, au grain légèrement rugueux. Produite principalement dans la région de Mino (préfecture de Gifu), cette céramique est utilisée presque exclusivement pour des masques miniatures de netsuke. La cuisson révèle ici une matière dense, chaude, qui capte la lumière sans la réfléchir, et renforce ainsi le modelé dramatique du visage.
Pièce rare, concentrée dans sa forme et précise dans son exécution, ce masque netsuke d’Isofuki témoigne de la richesse du théâtre comique japonais et de son interprétation par les artisans de Gifu à l’époque Meiji. C’est un objet où le grotesque devient art, et où le rire passe par la terre.