L'œuvre reprend des motifs et objets mythologiques tels que la lyre ou les postures de baigneuses, et fait également intervenir un imaginaire mythologique avec le navire à voiles au second plan qui peut symboliser un départ. Un village côtier se détache au loin et en contrebas d'où s'éloigne le bateau.
La palette est plutôt fauve notamment dans le traitement du ciel, pour une œuvre qui doit dater des années 1900. On sent la modernité de Clovis Cazes, peintre gersois formé aux beaux-arts de Paris.
La toile de grand format présente quelques traces de frottements.
Clovis Cazes (1883-1918) est un peintre né à Lannepax d’origine gasconne. Issu d’une famille modeste du Gers, il obtient dès ses dix-sept ans une bourse afin d’étudier à l’École supérieure des beaux-arts de Toulouse, avant d’entrer en 1904 à l’École des beaux-arts de Paris. Il y est l’élève des prestigieux Fernand Cormon, Carolus Duran, Jean-Paul Laurens et Jean-Jacques Henner - ces artistes ayant chacun connu une certaine notoriété parmi les cercles parisiens. Il bénéficie ainsi d’une formation relativement classique et orientée vers les sujets d’histoire, de mythologie ainsi que de portraits. Il reste ouvert sur la modernité du début de siècle qui s’exprime pleinement à Paris, marquée par l’exploration de la couleur et la modification avant-gardiste des normes de la représentation picturale. Nommé peintre officiel de la Marine en 1914, son parcours est largement salué par la critique puisqu’il obtient de nombreux prix au cours de sa formation et remporte dès 1909 une bourse d’étude d’un an en Italie, dont il rapporte quelques œuvres. Il fréquente également d’autres artistes du Sud-Ouest, tels que les landais Alex Lizal et Jean-Roger Sourgen. Pendant la première guerre mondiale, il est rapidement réformé pour raison médicale et est envoyé en Espagne en tant qu’attaché au consulat de Valence. Il y reste jusqu’à sa mort de la grippe espagnole en 1918. Son œuvre est influencée par les figures folkloriques de l’Espagne, dont il peint de nombreux portraits de femmes andalouses. Le caractère ibérique de ces personnages, à la manière des chimères de Goya et de ces âmes rendues vivantes en peinture, n’oblitère pas une diversité des sujets traités malgré la brièveté de sa carrière. Clovis Cazes propose une peinture forte de sujets d’histoire et de mythologie, parfois de paysages de voyages en Europe, comportant des empâtements de matière et une fausse maladresse de représentation pour développer un art singulier, profondément pictural et humain.