Né le 8 avril 1880 à Anzin , dans une famille d'industriels du Nord, Lucien Jonas, peintre d'histoire et de genre, est bachelier ès-lettres en juin 1898. Il poursuit ses études à Valenciennes avec Joseph-Fortuné-Séraphin Layraud et étudie également le solfège et le violon pendant sept ans au Conservatoire de Valenciennes.
En 1899, il entre à l'École des beaux-arts à Paris. En 1900, il y est admis définitivement et, tout au long de ses années scolaires, les prix se succèdent et le font remarquer. Il devient membre de la Société des artistes français dès 1901.
Dès 1902, Lucien Jonas travaille également dans l’atelier d’Albert Maignan, avec qui il noue une amitié sincère.
À la même époque, il rencontre Henri Harpignies qui manifeste rapidement de l’affection pour celui qu’il considère comme son protégé. Il saura développer en lui son attrait pour la nature et l’incitera à peindre sur le motif. À la mort de son père, le 2 octobre 1902, Lucien Jonas abandonne les Beaux-Arts pour retourner à Anzin, auprès de sa mère, aider à la gestion de la distillerie familiale qui sera ensuite reprise par son frère.
De retour à Paris en 1903, il s’installe au 3, rue Lecourbe, dans un atelier de plain-pied donnant sur une vaste cour et mis à sa disposition par un cousin architecte. Il en utilise la vaste terrasse pour peindre en plein air.
En 1904, il profite de ses séjours à Anzin et des vastes entrepôts de la distillerie pour peindre de grandes compositions, inspirées par la vie qui l’entoure. Un drame de la mine (Les Consolations) lui vaudra une médaille d’argent au Salon de 1905.
Trois autres prix — les prix Chenavard, Trémont et Stillmann — viennent l’encourager un peu plus.
Lucien Jonas obtient le second grand prix de Rome en 1905, le premier prix n'étant pas décerné cette année-là , il est fêté à Valenciennes avec son ami Lucien Brasseur, premier grand prix en sculpture, puis obtient la médaille d'or (hors-concours) avec une bourse de voyage en 1907.
En 1907, le roi de Siam Rama V fait l'acquisition de l'une de ses œuvres intitulée Les Rouffions, conservée au Palais royal de Bangkok.
Le 2 mai 1908, Lucien Jonas épouse Suzanne Bedorez, fille de Georges Bedorez avec laquelle il a trois enfants : Pierre, Solange (future épouse de René Guillaume, magistrat) et Jacques. Le couple s'installe boulevard Raspail à Paris. Par cette union, il devient le beau-frère de son ami, le peintre Jean Bédorez, dont il réalise un portrait au fusain l'année de son mariage.
En février 1915, il est agréé « Peintre militaire attaché au musée de l'Armée ». De mission en mission, il parcourt le front, de la Belgique aux Vosges, puis il lui sera plus spécialement demandé les portraits des chefs militaires, tels John French (15 mars 1915), Pershing(14 août 1917, New York, Metropolitan Museum of Art), Foch(au lendemain de sa nomination comme généralissime). Au total, 700 à 800 panneaux à l'huile, et près de 4 000 dessins reproduits en grand nombre dans L'Illustration, Les Annales politiques et littéraires, Lectures pour tous et dans les journaux alliés.
En 1916, il est nommé peintre officiel de la Marine. La guerre lui inspire des compositions appréciées qui décorent divers édifices publics. Il décrit souvent la vie des mineurs et le pays noir. Il connaît également le succès avec des décors muraux dans le style Art déco et réalise la décoration de nombreux édifices, notamment à Paris (maison des Centraux) et à Valenciennes (hôtel de ville, chambre de commerce).
En tant que peintre de guerre, nombre de ses compositions, notamment les scènes de batailles, sont adaptées en cartes postales durant toute la Première Guerre mondiale.
En 1923, il participe avec ses dessins à l'ouvrage de Jules Mousseron (ill. Lucien Jonas), La terre des Galibots : Poésies patoises, Lille, Valenciennes et Denain ou chez l'auteur 2 rue de Villars à Denain, 1923, 147 p., Scènes du pays minier. - Les nouvelles prouesses de Cafougnette - Le voyage au long d'eune fosse -Glossaire du patois "rouchi"
En 1926, il est nommé Rosatid'honneur , en 1929, il est nommé chevalier de la Légion d'honneur, et le 6 juillet 1931, il est nommé peintre de l'Air .
En 1933 débute sa collaboration avec la Banque de France pour la création de billets de banque, dont le 10 francs Mineur et le 20 francs Pêcheur.
En 1934, trois ans après l'inauguration du séminaire de Lille, Lucien Jonas achève une œuvre importante destinée à y orner l'entrée, un triptyque intitulé La Réponse des âmes à l'appel du Christ.
En 1937, il réalise des décors pour l'Exposition universelle de Paris et le Portrait de Louis de Broglie.
En 1942, il crée un important carton de tapisserie pour la Manufacture des Gobelins : Le Travail pour la France.
En 1943, il offre 17 grandes compositions sur la vie de la Vierge à l'église espagnole de la rue de la Pompe à Paris.
En 1944, il réalise les portraits des généraux Kœnig et De Larminat(Paris, musée de l'Ordre de la Libération), ainsi que celui du général De Lattre de Tassigny. Il a reçu la Francisque.
Il obtient une médaille d'honneur au Salon des artistes français de 1945 pour une peinture de quatorze mètres de long comportant environ 120 personnages, intitulée Furor teutonicus.
En 1946, Lucien Jonas est très malade et épuisé. Victime d’une inflammation des yeux, il redoute la lumière. Il termine ses quatorze tableaux du Chemin de croix destiné à l'église Saint-Martin à Saint-Amand-les-Eaux.
En août 1947, à La Flèche, après une crise particulièrement douloureuse, il peint ses dernières scènes de plein air dans le jardin de ses beaux-parents . Il retourne à Paris, où il meurt le 20 septembredans le 16e arrondissement , Il est enterré à la Flèche, dans une tombe située, ainsi qu’il le désirait, auprès de celles des soldats du Souvenir français.