JEAN-JOSEPH DUMONS, entourage de, ADAM ET ÈVE DANS LE PARADIS

JEAN-JOSEPH DUMONS, entourage de
ADAM ET ÈVE DANS LE PARADIS

JEAN-JOSEPH DUMONS
Tulle 1687 – 1779 Paris

Huile sur toile
Dimensions de la toile : 58 × 70 cm
Dimensions avec cadre : 66 × 81 cm
Cadre néoclassique français du XVIIIᵉ siècle, décoré de perles et de motifs en oves

PROVENANCE
France, collection privée

Le tableau Adam et Ève dans le paradis a récemment retenu mon attention lors d’une vente aux enchères en France. Bien que la surface fût assombrie par des salissures et un vernis oxydé, la qualité de l’exécution apparaissait immédiatement. Attribuée à la sphère de Jean-Joseph Dumons, l’œuvre était présentée dans un cadre néoclassique du XVIIIᵉ siècle, finement sculpté, portant une plaque de cuivre gravée au nom de Charles-Antoine Coypel (1694–1752) — une attribution probablement postérieure, mais révélatrice du prestige perçu de la composition.

Jean-Joseph Dumons (Tulle, 1687 – Paris, 1779) fut peintre, dessinateur et célèbre auteur de cartons pour tapisseries. Élève de François de Troy, il se distingua par ses compositions décoratives, combinant paysages, motifs floraux, animaux et récits classiques — des sujets parfaitement adaptés à l’art de la tapisserie. En 1731, il fut nommé peintre à la Manufacture royale de tapisserie d’Aubusson, où il fournit des cartons pendant plus de vingt ans, avant de rejoindre la Manufacture de Beauvais en 1756. En 1735, il fut admis à l’Académie royale de peinture et de sculpture en tant que peintre d’histoire, présentant une grande composition d’Adam et Ève comme morceau de réception. La version achevée est aujourd’hui conservée à l’École des Beaux-Arts de Paris, tandis que l’esquisse préparatoire se trouve au Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris.

Le tableau actuellement conservé dans notre galerie peut être considéré comme une variante de petit format de l’œuvre de réception de Dumons, adoptant un format horizontal qui suggère une fonction décorative — peut-être comme dessus-de-porte. Le dessin précis, l’observation attentive des détails et l’harmonie chromatique laissent penser que l’auteur de cette version a eu accès au modèle original. Ces éléments permettent de dater l’œuvre des années 1740, une période où Dumons était encore pleinement actif dans la réalisation de tableaux et de modèles pour tapisserie.

Cette datation est également confirmée par le style des figures : le corps féminin allongé, aux traits doux et réguliers, correspond aux idéaux de beauté féminine des années 1730–1740. Dans les années 1750, sous l’influence de François Boucher, le canon dominant évolue vers des formes plus arrondies, des poses plus expressives et une esthétique plus légère et coquette. Par contraste, le tableau ici présenté reflète la retenue gracieuse du premier rococo classique.

Pour situer Dumons dans l’histoire plus large de la peinture française, il convient de souligner son dette artistique envers son maître, François de Troy. Dans les années 1730 et 1740, ce dernier réalisa une série d’élégies pastorales, illustrant souvent des épisodes des Métamorphoses d’Ovide dans des paysages amples et poétiques — tels que Clytie se transformant en tournesol (Meaux, Musée Bossuet), Zéphyr et Flore (anciennement dans la collection du chevalier Lambert au XVIIIᵉ siècle, vu à New York dans les années 1990, collection privée), et surtout Salmacis et Hermaphrodite, jadis conservé dans la collection du roi Stanislas Auguste Poniatowski et connu par une gravure exécutée par Jean Daullé.

À l’instar de ces compositions, l’Adam et Ève de Dumons adopte un langage bucolique et paisible, plutôt que tragique ou moralisateur. Le moment de la Chute y est interprété comme un tableau contemplatif — une transformation du ton narratif directement inspirée du modèle de De Troy. Cette relecture déplace subtilement le poids sémantique de la scène : le drame de l’expulsion se mue en une vision bucolique sereine, davantage conforme au goût aristocratique et à la finesse décorative qu’à la rigueur doctrinale.