Iga No Tsubone
n°15 De la suite : Tsuki No hyakushi ( Les cent aspects de la lune )
1889
Sceau:Yoshitoshi No In
Graveur : Enkatsu
Janvier 1886
Oban
nishiki-e
Belle épreuve avec des gaufrages notamment dans la chevelure, beaux coloris, très léger empoussièrage dans les bordures extérieures.
En 1333, il renversa le shogunat Hojo établi à Kamakura, et s'arrogea le contrôle politique du pays.
Trois ans plus tard, il se trouva en butte aux velléités du clan Ashikaga. Ses conseillers, conscients de leur infériorité militaire, convinrent de battre en retraite pour se donner le temps de lever des troupes. Or on comptait parmi eux le grand rival de Kiyotaka : Kusunoki no Masashige. Kiyotaka, constatant que l'empereur rechignait à pareil renoncement, vit là l'occasion de damer le pion à Masashige. Au mépris du bon sens, il déclara qu'il fallait au contraire se battre. L'empereur se laissa facilement convaincre, et subit une défaite cuisante lors de la bataille de Minatogawa.
Les Ashikaga, désormais maîtres du pays, s'établirent à Kyoto, et Go-Daigo s'enfuit à Yoshino, au sud de Nara, où il établit une cour concurrente du nouveau shogunat.
Pour prix de son conseil mal avisé, Kiyotaka fut contraint au suicide. Dès lors son esprit, refusant de prendre congé des vivants, revint chaque nuit flotter au-dessus du palais, accablant et terrorisant la cour en exil. Voyant que personne n'osait l'affronter, une valeureuse dame de la cour nommée Iga no Tsubone résolut d'aller à sa rencontre, munie d'une lanterne pleine de lucioles. Elle parvint à l'apaiser, et plus jamais il ne reparut.
Iga no Tsubone était l'épouse du fils de Kusunoki no Masashige, lui aussi acculé au suicide après avoir perdu la bataille qu'il avait livrée à son corps défendant. À partir de l'ère Meiji, l'histoire du loyal Masashige fut rappelée à la mémoire des Japonais, à titre de modèle de patriotisme. Quant à sa bru, elle prouva une seconde fois sa valeur lorsque Go-Daigo subit une nouvelle attaque des troupes des Ashikaga, en abattant un arbre pour permettre à l'impératrice de franchir le ravin qui la séparait de l'empereur.
On la voit ici affronter sans peur le fantôme de Kiyotaka. Ses longs cheveux tombent jusqu'au sol selon la mode du temps. La gravure des cheveux était un exercice délicat, les fines lames de bois laissées en saillie dans la matrice pour produire les lignes s'usant très vite. Les lèvres du fantôme arborent la couleur bleue que l'ukiyo-e donnait par convention aux cadavres, et ses yeux ont un éclat jaune doré. Ses doigts griffus se cramponnent au cartouche de titre : Yoshitoshi, comme d'autres maitres de l'estampe, se plaisait à jouer avec cadres et bordures.
Quant à la lune, elle luit à travers un nuage diaphane, à moins qu'il ne s'agisse d'une éclipse - ce qui s'accorderait bien avec le thème fantastique de l'estampe."
In : CENT ASPECTS DE LA LUNE, John STEVENSON, 2018, Editions Citadelles et MAZENOD
La suite des « Cent aspects de la lune », inspirée de récits historiques ou légendaires de la Chine et du Japon, est la plus célèbre série de Yoshitoshi commencée en 1885 et terminée juste avant sa mort en 1892. A l'époque déjà, chaque nouvelle estampe publiée était un événement, les tirages s’épuisant bien souvent dès le matin de leur parution.
- Largeur image : 224.00
- Hauteur image : 330.00
- Largeur Feuille : 250.00
- Hauteur Feuille : 373.00