Ce gentleman est sans aucun doute un homme de grande stature et de haut rang, car bien en vue dans sa poche se trouve l'épée qui marque le statut noble de ce gentleman au sein de la société. Cette épée de cour ou dans son origine française, connue sous le nom d'« épée de cour » signifiant « épée de la cour », était une variante plus légère et plus agile de son prédécesseur à rapière plus lourde de la Renaissance.
Il est significatif que la petite épée soit originaire de France, mais qu’elle ait rapidement envahi le reste de l’Europe et solidifié sa connotation de haute couture. Les fonctionnaires du gouvernement de la fin du XVIIe et du XVIIIe siècle les présentaient dans leurs portraits pour délimiter leur pouvoir. Des épées de cette manière peuvent également être trouvées dans les portraits d'autres professions telles que les amiraux et les lieutenants.
Notre modèle est paré de l'habit à la française qui sied à l'esthétique rococo. Les couleurs remarquables du luxueux manteau et de la culotte en velours bleu royal, combinées au gilet brodé doré, se fondent pour contraster avec les pilastres en pierre qui tapissent le fond. Les arrière-plans des portraits de Van Loo ont tendance à être flous et moins définis, ce qui permet de concentrer toute l'attention sur le sujet central. De ce fait, les caractéristiques de notre modèle deviennent plus visibles, comme son opulent jabot lacé avec les poignets assortis.
Niché sous le bras gauche du modèle, se trouve un tricorne ou « bicorne », comme on l'appelait communément. L’étiquette sociétale voulait que ces chapeaux soient glissés sous le bras dès l’entrée dans un bâtiment, comme le démontre parfaitement notre monsieur. Le tricorne était également utilisé comme accessoire pour afficher sa perruque et par extension, son statut social dominateur.
Au XVIIIe siècle, être pionnier était une vocation de gentleman. Les plus grandes innovations provenaient des styles peruke (perruques masculines), comme l’adoption des « bagwigs ». Les bagwigs ou «perruques en bourse», étaient longs et plats à l'arrière et rassemblés à la nuque en taffetas noir. Il est clair que ce style était à la mode, puisque des publications contemporaines sur la technique des perruques telles que « Perruquier » (paru dans le volume 12 de l'Encyclopédie en décembre 1765) font référence au bagwig comme « le plus moderne » de tous.
Ces types de perruques étaient fabriqués par des perukiers qui tissaient différents types de cheveux, tels que du crin de chèvre ou de cheval, pour en faire des perruques pour hommes de l'époque géorgienne. Cependant, les perruques les plus somptueuses étaient fabriquées à partir de vrais cheveux humains et coûtaient plus cher pour le matériau. Les Bagwigs donnaient généralement une apparence plus formelle à la perruque commune ; l'ajout du sac et du nœud en soie permettrait au porteur d'afficher sa richesse. Bien sûr, de nombreuses perruques du XVIIIe siècle comportaient un élément de commodité. Il était courant que les hommes portent un peigne à perruque en écaille de tortue dans leurs poches pour s'assurer que leurs perruques restent impeccables tout au long de la journée. Cependant, l'entretien formel était effectué avec une relative facilité et consistait à envoyer la perruque au perukier pour un épouillage occasionnel !
Il y a de nombreuses allusions à la tradition et au patrimoine dans ce portrait, notamment la chevalière de notre modèle. Ce bijou porte généralement un motif héraldique sur le sceau du porte-clés et représente la lignée générationnelle. Sa pertinence sur sa main montre la fervente allégeance de notre modèle à sa famille. Les armoiries sont gravées sur ce qui pourrait être un saphir ou un cristal de roche bleu. Notre modèle est un homme de grand style, comme en témoignent les couleurs assorties de sa bague à sa tenue vestimentaire. Avoir la chevalière en entier, un affichage central et une telle proximité avec l'épée de cour et le chapeau tricorne, suggère que notre modèle essaie de communiquer sa fierté pour sa lignée, sa profession et ses distinctions personnelles.
Jean-Baptiste van Loo a passé cinq ans en Angleterre entre 1737 et 1742. Il a peint des personnages comme Sir Robert Walpole en tenue de chancelier de l’Échiquier, ce qui témoigne encore une fois de la tendance de van Loo à utiliser la sémiotique pour enregistrer la profession et le rang de son modèle. Je risquerais cependant que notre modèle soit français car les portraits de l'artiste de la période anglaise voient les modèles arborer des perruques beaucoup plus longues.
Jean-Baptiste van Loo (né à Aix en Provence décédé à Aix en Provence 1745) Van Loo était célèbre pour ses peintures mythologiques, religieuses et ses portraits. Ses talents étaient générationnels et multiformes. La dynastie des peintres Van Loo a été inaugurée par Jean-Baptiste. Son frère Carlé-André (1705-1765) et ses fils Louis-Michel (1705-1771) et Charles-Amédée-Philippe (1719-1795) se lancent tous dans le métier de peintre. À son tour, l’entreprise familiale van Loo ne s’en sort pas bien en matière d’authentification. Entre eux, leurs styles se différenciaient légèrement dans leurs peintures mais il y avait des similitudes distinctes entre leurs dessins.
Jean-Baptiste est né à Aix-en-Provence puis étudie auprès de Benedetto Luti (1666-1724) à Rome sous le patronage du prince de Carignan. Ici, Jean-Baptiste était connu pour avoir peint des églises. Ses talents l'ont amené à voyager à Turin et à peindre Charles-Emmanuel II, duc de Savoie, qui obtint plus tard sa nomination comme peintre du cousin du duc, Victor Amadeus I, de Savoie, 3e prince de Cargnano (1690-1741). À son retour à Paris en 1720, il devient membre de la prestigieuse Académie Royale de Peinture et de Sculpture.
Van Loo s'est aventuré en Angleterre en 1737, c'est ici qu'il s'est fait un nom international, ce qui a permis à tous ceux qui ont fait peindre leur portrait de se trouver dans une position enviable.
Son éventuel retour en France en 1743 fut motivé par une période de mauvaise santé ; il mourut trois ans plus tard. Son succès en tant que portraitiste sociétal en Angleterre, bien que bref, fut profond. Jean-Baptiste van Loo avait un talent pour la précision et le raffinement des traits, une compétence née en France mais véritablement cultivée sur le sol anglais. C’est ce talent artistique qui a fait proliférer la haute société en Angleterre, à tel point que sa popularité a suffisamment contrarié Hogarth pour qu’il se tourne par dépit vers le portrait. En fait, il était stipulé que la faveur de van Loo auprès de Sir Robert Peel était telle que s'il n'y avait pas eu une loi du Parlement interdisant aux étrangers d'avoir un salaire au sein du gouvernement, van Loo aurait pu figurer dans le classement pour être le peintre du roi. !
La pièce de résistance de Jean-Baptiste consistait à peindre des membres de la royauté et de certains des parlementaires les plus établis. Cette illustre clientèle témoignait de sa crédibilité.
Son adoration parmi les mondains du XVIIIe siècle était indéniable. Bien que notre modèle n’ait pas encore été identifié, il s’agit d’un ajout fin et brillant à l’œuvre de van Loo de portraits gentleman établis.
Nous sommes très reconnaissants au professeur David Sorkin pour son aide dans cette attribution.
Note de catalogue : Charlotte Askew.
Images en plus haute résolution sur demande.
Expédition mondiale disponible.
Toile : 50" x 40" / 127cm x 102cm.
Cadre : 60" x 50" / 153m x 127cm.