Pendant des siècles, les naissances dans le monde des élites ont lieu à la maison dans un espace quotidien : événement hors du commun malgré sa fréquence, l’accouchement, tout comme la mort, se passe là où vit au jour le jour et depuis des années, un lignage. En donnant le jour à son enfant, chaque mère est reliée à toutes les mères qui, avant elle, ont fait naître leurs enfants au même endroit .
La naissance a lieu dans la pièce la plus utilisée, la salle commune, qui est souvent la seule à posséder une cheminée : à l’aide d’un grand feu de bois, on maintient la chaleur, essentielle à la mère et à l’enfant. La pièce tout entière est calfeutrée, comme un véritable huis clos, à la fois pour se prémunir du froid et pour empêcher les mauvais esprits d’entrer. Ici, le lit à baldaquin a été dressé
La parturiente est assistée par un entourage exclusivement féminin : au centre, la matrone est bien connue de tout le village ; elle est en général âgée, et donc disponible ; elle a appris son métier sur le tas, sans étudier. Souvent fille ou nièce de matrone, il lui a suffi de réussir quelques accouchements pour avoir la confiance des villageoises ; elle ne sait en général ni lire ni écrire et le curé qui surveille ses compétences ne lui demande que de savoir réciter les formules du baptême, au cas où elle devrait ondoyer un nouveau-né mal en point. Elle est souvent aussi celle qui s’occupe de la toilette des morts ; ce double rôle indique bien comment, dans l’ancienne société, on reconnaît la proximité fondamentale entre les deux extrémités de la vie. Au XVII e siècle, outre l'apparition des accoucheurs, les hommes entrent dans cette sphère autrefois exclusivement féminine.Pour des raisons sociales‚ familiales‚ religieuses‚ mais aussi pour se protéger contre toute plainte éventuelle de négligence professionnelle‚ si l’on craignait que la mère ne meure en couches‚ les sages-femmes‚ comme les chirurgiens et les médecins‚ préféraient que l’accouchement se déroule devant des témoins. Ici, le mari découvre son enfant, poupon gras et robuste que les chérubins "adoubent" religieusement (en haut et à droite de la toile). Au sol et sur la chaise, différents ustensiles . Notre huile a été rentoilée et est en bel état. Petite fragilité en bas à droite. Couleurs fraiches et expressions des visages étonnament narratives. Dimensions impressionnantes et qui font de cette oeuvre non signée un très beau témoignage de l'histoire du quotidien dans l'Europe du XVII e siècle.