Episode Du Voyage De S. A. I. Le Prince-président Dans Le Midi

Notre tableau représente le « Prince-Président à bord du vaisseau Le Napoléon (…) reçu devant le cap Sicié par l’escadre des bâtiments à vapeur sortie de Toulon à sa rencontre ».

Parmi les quatre plus fameux bâtiments à vapeur (la Reine Hortense, le Prony, l’Eclaireur et le Bertollet), le Napoléon est reconnaissable à son grand pavillon blanc au centre duquel est inscrit un N, en capital, de couleur rouge. Une nouvelle escadrille de bateaux, commandée par le contre-amiral Jacquinet, vient à saluer la flotte de trois salves et lui fait cortège jusqu’à Toulon.

La peinture minutieuse et appliquée de Léon Morel-Fatio rend hommage à l’arsenal de Toulon et à ses navires de guerre d’un genre nouveau. 

Quatre mois après l’expédition dans le Midi, le bibliothécaire de l’Empereur et du Palais de l’Elysée, Jules Lefevre-Deumier relaye la demande de notre peintre, qui attend toujours la commande officielle pour exécuter en grand format les deux esquisses peintes sélectionnées par l’Empereur en personne . Ce dernier ayant une préférence pour l’esquisse de notre tableau, Léon Morel-Fatio commence à peindre l’Episode du voyage de S. A. I. le Prince-Président dans le Midi, pendant la traversée de Marseille à Toulon, le 27 septembre 1852. Resté sans réponse de la part de l’administration des Beaux-Arts depuis le mois de novembre, notre peintre décide de présenter son tableau au Salon de 1853. Exceptionnellement, le Salon des artistes vivants a lieu, du 15 mai au 15 juillet 1853, à l’hôtel des Menus-Plaisirs, rue du Faubourg-Poissonnière.

L’Episode du voyage de S. A. I. le Prince-Président dans le Midi, pendant la traversée de Marseille à Toulon, le 27 septembre 1852 y est présenté sous le numéro 850. L’erreur de datation de la traversée de Marseille à Toulon (mentionné au mois d’août plutôt que septembre) apparait pour la première fois publié dans le livret d’exposition.


Léon Morel-Fatio est né à Rouen dans une famille originaire du canton de Vaud (Suisse). La famille s’installe à Paris, en 18237, où il poursuit ses études au Lycée Bourbon (ancien Lycée Condorcet). Léon Morel-Fatio s’embarque, le 25 mai 1830, pour l’expédition d’Alger sous le commandement de l’amiral Duperré. Ce voyage s’avère déterminant pour le jeune homme, qui décide de devenir peintre au contact de Pierre Julien Gilbert, peintre officiel de l’expédition, et de Théodore Gudin et d’Eugène Isabey également présents.


De retour à Paris, notre peintre se forme quelques temps dans l’atelier d’Eugène Devéria où il se lie d’amitié avec Fabre, Bouchet, Aubert, Marquis, Saunier, Glaize, Doussautti et Augier. De cette époque datent ses premières contributions au Salon des Beaux-Arts. Il tire principalement son inspiration des voyages qu’il entreprend. Il se démarque tout d’abord à travers des œuvres orientalistes. Sa renommée culmine sous la Monarchie de Juillet.


Le roi Louis-Philippe commande à Léon Morel-Fatio pour la galerie historique de Versailles un Combat naval dans la baie d’Algésiras et achète au salon suivant le tableau Côte de Bretagne disparu dans l’incendie du Palais des Tuileries en 1871. Le marquis Philippe de Chennevières, conservateur du musée du Luxembourg, note que « les commandes officielles lui pleuvaient dès qu’il s’agissait de combats maritimes à reproduire pour Versailles (…) ». Léon Morel-Fatio s’attache l’affection du Prince de Joinville, fils de Louis-Philippe, qu’il accompagne lors de l’expédition au Mexique. La fidélité avec laquelle Léon Morel-Fatio retranscrit les navires et les manœuvres des marins font de lui un artiste recherché. Au Salon, la reconnaissance de ses pairs lui vaut plusieurs médailles . Léon Morel-Fatio est nommé chevalier de la légion d’honneur, le 5 juillet 1846. Sous le Seconde Empire, Léon Morel-Fatio poursuit une carrière brillante, au plus proche du pouvoir, récompensée par un poste de conservateur au musée de la marine.



Collection de l’Empereur Napoléon III, accroché au Ministère d’Etat (Aile neuve des Tuileries puis Nouveau Louvre) de 1853 à 1870
Collection de l’Impératrice Eugénie jusqu’à son décès en 1920
Collection du Prince Victor Napoléon, chef de la Maison Impériale, héritier de l’Impératrice Eugénie, et de la Princesse Clémentine de Belgique
Par descendance à Lord John Crichton-Stuart, 6e Marquis de Bute (1933-1993)