Jan Van Beers (1852 – 1927) Coucher De Soleil Sur La Mer, Circa 1900

Jan Van Beers
(Lierre, province d’Anvers, 1852 – Fay-aux-Loges, Loiret, 1927)
Coucher de soleil sur la mer
circa 1900
Huile sur panneau
27 x 35 cm
36,5 x 44 cm avec son cadre
Signé ‘JAN VAN BEERS’ en bas à gauche


Né à Lierre en Belgique, fils d’un célèbre poète romantique flamand, Jan Van Beers évolue au sein d’un milieu artistique et littéraire aisé, se liant très jeune avec le musicien Pierre Benoit (dont il fait le portrait en 1883), ou encore le peintre d’histoire le Baron Henry Leys. Se tournant lui-même vers la peinture, Van Beers étudie à l’Académie des Beaux-Arts d’Anvers et devient le chef de file d’un groupe de jeunes étudiants connus sous le nom de « la clique Van Beers ». Parmi eux, des artistes talentueux et prometteurs comme les peintres Piet Verhaert, et Alexander Struys, ainsi que le sculpteur Jef Lambeaux. Sans doute encouragé par Henry Leys, l’artiste privilégie à ses débuts les sujets historiques ainsi qu’une technique minutieuse directement inspiré par les grands maîtres flamands, suscitant lors de ses premières expositions en Belgique et en France l’admiration unanime des critiques. Van Beers s’installe à Paris en 1878 et travaille dans l’atelier d’Alfred Stevens, avec qui il se lie d’amitié. A partir de 1879, il produit de nombreux petits tableaux de scènes de genre, presque des miniatures, figurant la vie bourgeoise ou les portraits d’élégantes jeunes femmes, dont la délicatesse d’exécution et la précision extrême rencontrent un grand succès. En 1881, au Salon de Bruxelles, le peintre est au cœur d’un scandale lié à l’exposition de son tableau Le Yacht La Sirène. Accusé d’avoir été peint sur une photographie ce dernier est au centre d’un procès intenté à l’artiste particulièrement médiatisé. Alors que la revue L’Art Moderne prend la défense de Van Beers, nombre de critiques se montrent très virulents, et un visiteur du salon en vient même à gratter le tableau. Après cet acte de vandalisme, une commission d’experts examine minutieusement l’œuvre et innocente Van Beers. Cette affaire finit d’assoir la carrière de l’artiste et contribue à faire de lui un peintre célèbre, riche et admiré.
Si Jan Van Beers triomphe par ses portraits, ses scènes historiques et de genre, son œuvre de paysagiste demeure encore trop méconnue, et cela peut s’expliquer en partie par sa présence plus réduite au sein de son corpus. L’huile sur panneau que nous présentons constitue donc un rare témoignage des qualités de l’artiste dans ce domaine, auquel son condisciple Alfred Stevens était plus familier. Par la touche délicate et fine qui a fait le succès de son pinceau, Van Beers nous livre ici une marine lumineuse dont l’atmosphère crépusculaire semble saisie dans l’instant. Le soleil couchant de cette fin de journée, masqué en un vibrant contraste par quelques opaques nuages gris-noirs, fait miroiter la mer en la parant de reflets rosés et argentés. En parfaite maitrise de son métier, le peintre nous fait percevoir le clapotis des vagues au premier plan, et suggère à l’horizon un bateau à vapeur en un point noir laissant une minuscule trainée de fumée devant la brume du soir. Non loin de lui à droite, deux petites touches blanches suffisent à indiquer les voiliers. Par un cadrage moderne évacuant toute présence du littoral, Jan Van Beers embarque le spectateur en pleine mer du nord et lui offre le bain d’une atmosphère saisie qui, si elle se distingue plastiquement de l’impressionnisme, n’est pas sans évoquer la peinture de Whistler.